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Le naufrage d'un bateau de migrants a fait au moins neuf morts et 48 disparus dans la nuit de vendredi à samedi près des Canaries, un nouveau drame sur la "route de l'Atlantique" entre l'Afrique et l'Europe, où des milliers de personnes ont déjà péri.
Le naufrage a eu lieu à environ 4 milles nautiques (environ 7 km) au sud du port de La Estaca, sur l'île d'El Hierro, l'une des îles de l'archipel espagnol, selon les secours maritimes espagnols.
Au total, 84 personnes étaient présentes sur le bateau, d'où un appel au secours avait été passé à 00H14 heure locale dans la nuit, a-t-on précisé de même source. Vingt-sept personnes ont pu être secourues, neuf corps ont été retrouvés, et 48 personnes étaient portées disparues et recherchées, selon un communiqué.
"Lors des opérations de sauvetage, la pirogue a chaviré lorsque ses occupants se sont concentrés sur l'un des côtés", ajoutent-ils. Les secours soulignent la "difficulté d'un sauvetage qui s'est produit de nuit et dans des conditions météorologiques défavorables avec des rafales de vent d'environ 20 nœuds".
Début septembre, le naufrage d'un bateau de migrants tentant de rejoindre l'Europe avait déjà fait au moins 39 morts au large du Sénégal.
Des milliers de migrants ont perdu la vie ces dernières années en tentant la périlleuse route de l'Atlantique pour gagner l'Europe depuis l'Afrique, principalement via l'archipel espagnol des Canaries, à bord d'embarcations bondées et souvent vétustes.
"Malheureusement, une nouvelle tragédie souligne une fois de plus le danger de la Route de l'Atlantique", a réagi le président de la région des Canaries, Fernando Clavijo, sur le réseau social X.
"Nous avons besoin que l'Espagne et l'UE agissent de manière décisive face à un drame humanitaire structurel. Il s'agit d'enfants, de femmes et d'hommes. Des vies qui s'éteignent à quelques mètres de la frontière sud de l'Europe", a déploré M. Clavijo.
Depuis le 28 août 1994 et l'arrivée de deux jeunes Sahraouis à bord d'une simple barque dans l'archipel espagnol des Canaries - date de naissance symbolique de ce qui est appelé en Espagne la "route canarienne", quelque 200.000 migrants ont emprunté cette voie pour rejoindre l'Europe, selon le ministère espagnol de l'Intérieur.
- Accords avec la Mauritanie et la Gambie -
Fin août, l'Espagne a signé avec la Mauritanie et la Gambie des accords pour renforcer la coopération contre les passeurs de migrants illégaux vers l'Europe et en faveur d'une migration régulée, lors d'une tournée du Premier ministre espagnol.
Au 15 août, 22.304 migrants étaient arrivés aux Canaries depuis le début de l'année, contre 9.864 pour la même période en 2023, soit une augmentation de 126%. Pour l'ensemble de l'Espagne, la hausse est de 66% (de 18.745 à 31.155).
En 2023, près de 40.000 migrants (39.910) sont entrés aux Canaries, un record qui devrait encore être battu cette année, car l'amélioration des conditions de navigation à partir de septembre se traduit en général chaque année par une forte hausse des traversées en fin d'année. Le président de la région des Canaries envisage que le nombre des arrivées dépasse le seuil des 50.000 dès cette année.
Pourtant, cette route maritime entre l'Afrique et les Canaries est aussi une véritable "route de la mort", car les traversées se font à bord de rafiots bondés mal équipés pour résister aux courants, très forts dans cette zone de l'Atlantique et qui provoquent de nombreux naufrages. Certains bateaux partent d'endroits distants d'un millier de kilomètres des Canaries.
Selon l'Organisation internationale pour les Migrations (OIM), une agence onusienne, au moins 4.857 personnes ont péri ou ont disparu sur cette route maritime depuis 2014.
Mais le chiffre réel est sans aucun doute nettement supérieur. Caminando Fronteras, une ONG espagnole qui vient en aide aux migrants et évalue le nombre des victimes à partir des témoignages des survivants, estime que 18.680 personnes ont payé de leur vie leur volonté de gagner l'Europe.
G.Gopalakrishnan--DT