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Quatre ans de prison avec sursis ont été requis vendredi contre l'ancien patron des stups, François Thierry, jugé à Lyon pour avoir organisé une fausse garde à vue d'un trafiquant de drogues, recruté comme informateur.
Dans son réquisitoire, l'avocat général Vincent Auger a dénoncé une "catastrophe policière et juridique" alimentée par "la mégalomanie" et "une dérive déontologique" de François Thierry, contre lequel il a également demandé une interdiction définitive d'exercer une fonction publique, avec effet immédiat.
Pourtant, "tout avait bien commencé pour François Thierry", "un grand flic" avec une carrière "sans tache" jusqu'à son retour à la tête de l'Office central de répression du trafic illicite de stupéfiants (Ocrtis) en 2010. A partir de là, "il va perdre ses repères déontologiques et surtout juridiques", assène le représentant du ministère public.
Le commissaire comparaît depuis lundi devant la cour criminelle du Rhône pour "faux en écriture par personne dépositaire de l'autorité publique" et destruction de preuves. Il est accusé d'avoir rédigé un faux procès-verbal de garde à vue pour justifier l'extraction de prison, en avril 2012, de son principal "indic", Sophiane Hambli.
Cette manoeuvre a permis à ce gros trafiquant de suivre, à distance depuis une chambre d'hôtel, l'arrivée de six tonnes de résine de cannabis sur une plage espagnole, une "livraison surveillée" par la police destinée à démanteler les réseaux de revente en France.
Lors des audiences, François Thierry, qui pilote désormais la stratégie numérique de la police nationale, a reconnu les faits, ainsi que la destruction du PV et de téléphones utilisés pendant l'opération.
Mais il a réfuté toute infraction. "Je n'ai pas eu une seconde, et ne l'ai toujours pas, le sentiment d'avoir commis un faux", a-t-il déclaré jeudi, en assurant avoir "habillé" l'extraction de Sophiane Hambli "à la demande du parquet de Paris", qui voulait un cadre juridique en cas d'accident ou de tentative de fuite.
Contrairement à ses affirmations, plusieurs magistrats, mis en cause lors de l'instruction, ont nié avoir été informés de tous les tenants et aboutissants de l'opération. Appelé comme témoin, l'ancien procureur du parquet de Paris François Molins a même accusé l'Ocrtis d'avoir livré pendant des années une "information parcellaire, cloisonnée, déloyale" à ses services.
Le jugement est attendu vendredi dans l'après-midi.
R.Mehmood--DT