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Des milliers de pompiers se sont encore efforcés mercredi de venir à bout d'une quarantaine d'incendies dans le nord et le centre du Portugal, en lutte depuis le week-end dernier contre les pires feux de forêt de l'été, qui ont fait cinq morts et ravagé des milliers d'hectares de végétation.
Un bilan officiel fourni en début d'après-midi a fait état de cinq morts: trois pompiers piégés par les flammes mardi, un Brésilien mort carbonisé lundi alors qu'il tentait de récupérer des outils de la société forestière pour laquelle il travaillait, et un pompier volontaire décédé dimanche d'un malaise en marge d'une opération.
Les autorités avaient jusqu'ici comptabilisé le décès de deux personnes victimes de crises cardiaques, mais qui n'étaient pas le résultat "direct" d'un incendie.
Les sinistres des derniers jours ont fait par ailleurs 59 blessés, dont dix graves.
Après la chaleur et le vent sec qui se sont abattus depuis le week-end, le pays espère un répit en fin de semaine.
"La situation météorologique reste encore assez défavorable et nous n'attendons pas au cours des prochaines 48 heures une réduction significative du risque de feux de forêt", a toutefois prévenu le commandant national de la protection civile, André Fernandes.
Une quarantaine d'incendies étaient encore actifs mercredi en fin de journée, mobilisant quelque 3.500 pompiers soutenus par un millier de véhicules et une trentaine d'avions ou hélicoptères.
- Renforts européens -
La France a annoncé l'envoi de deux avions bombardiers d'eau supplémentaires, après les deux qu'elle avait déjà dépêchés au Portugal, à l'instar de l'Espagne et de l'Italie.
Les nouveaux appareils français devaient remplacer ceux que la Grèce n'a finalement pas pu mettre à disposition du pays ibérique, qui a également obtenu que le Maroc lui cède deux avions.
Sur le terrain, la situation restait particulièrement compliquée dans le district d'Aveiro, avec un foyer encore "très violent" dans la commune d'Agueda, ont détaillé les services de secours.
Selon une estimation fournie par l'observatoire européen Copernicus, au moins 15.000 hectares de végétation ont été détruits dans cette région par un ensemble de quatre incendies ayant atteint un périmètre d'une centaine de kilomètres.
Le Système européen d'information sur les feux de forêt (Effis) dénombrait une douzaine d'autres brasiers ayant pu dépasser le seuil de 2.000 hectares brûlés cette semaine dans le reste du pays - soit un bilan déjà largement supérieur au total enregistré depuis le début de l'été.
Des images captées mardi par le satellite Copernicus montraient une multitude de brasiers d'où s'échappaient de longs panaches de fumée.
À l'entrée de Brunhido, un hameau de la commune d'Agueda, situé dans une vallée plantée d’eucalyptus noircis par les flammes, la route offre un paysage de désolation, avec des arbres calcinés à perte de vue et des câbles des réseaux électriques endommagés que des ouvriers réparent.
- "Personne ne peut arrêter le feu" -
Au loin, dans une zone encore épargnée par les flammes, une colonne de fumée noire s’élance vers le ciel bleu.
"Personne ne peut arrêter le feu. Il n'y a pas d'avions. C'est triste", regrette Carlos Santos, un serrurier de 48 ans venu en moto d’un petit village voisin pour constater l'ampleur des dégâts.
"Hier soir, on a failli être évacués. Il y avait tellement de fumée qu'on ne savait même pas où ça brûlait", témoigne cet homme, qui dispose dans son jardin d'une citerne avec 5.000 litres d’eau.
D'autres feux sévissaient près d'Arouca, également dans la région d'Aveiro, et de nouvelles évacuations ont eu lieu dans la commune de Gondomar, dans le district de Porto (nord).
Plusieurs maisons ont brûlé près de Sao Pedro do Sul, dans la région de Viseu (nord), où quelque 250 pompiers espagnols de l'Unité militaire d'urgence (UME) sont arrivés mercredi.
Les drames vécus ces derniers jours ont ravivé le souvenir des incendies meurtriers de 2017, qui avaient fait 119 morts.
Depuis, le Portugal a multiplié par dix l'investissement dans la prévention et doublé son budget de lutte contre les feux de forêt, parvenant à réduire des deux tiers la surface brûlée en moyenne chaque année.
Les experts considèrent que les canicules et sécheresses d'une intensité croissante favorisent les feux de forêt et sont des conséquences du changement climatique, qui touche particulièrement la péninsule ibérique.
W.Zhang--DT