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Sur une piste sablonneuse, deux motards et un quad arpentent la forêt pour repérer d'éventuels incendiaires. Dotés en nouveaux équipements, ces gendarmes participent à des patrouilles coordonnées entre les acteurs anti-incendies, symboles d'une "débauche de moyens" deux ans après les mégafeux en Gironde.
Dans un massif forestier très sec à Saint-Symphorien, à une quinzaine de kilomètres de Landiras où plus de 20.000 hectares avaient brûlé à l'été 2022, les gendarmes pistent les promeneurs et les éventuels véhicules suspects, entre prévention et enquête de flagrance.
"Rappelez aux gens qu'un simple jet de mégot peut avoir des circonstances très alarmantes", souligne dans son briefing le major Sébastien Hazera, référent incendie et commandant du Peloton d'autoroute de Langon (Gironde).
En amont, il a consulté un bilan précis du risque de feu, transmis par les pompiers, et s'est vu confier une zone de patrouille en étroite coordination avec le Service départemental d'incendie et de secours (Sdis), l'Office national des forêts (ONF) et l'association Défense de la forêt contre les incendies (DFCI).
"L'information passe très bien, on a même des outils communs maintenant", comme une cartographie géolocalisant les patrouilles, se réjouit-il.
- "Dispositif abouti" -
Les investissements ont également suivi: près de 600 militaires sont attendus dans une nouvelle base de la Sécurité civile à Libourne (318 millions d'euros investis).
Dès 2023, des moyens aériens ont aussi été positionnés en Gironde, département qui avait enregistré le plus grand nombre de départs de feux en 2022, notamment 4 à 6 avions Air Tractor et 1 Dash.
Les pompiers girondins, dotés d'environ 160 camions-citernes pour les feux de forêt, vont aussi acquérir une quarantaine de véhicules supplémentaires, un investissement de 18,6 millions d'euros cofinancé par l'État et le Sdis. Huit sont déjà livrés et quatre autres attendus d'ici fin 2024.
"La Gironde est un peu mieux équipée qu'elle ne l'était, avec les camions nouveaux et (vingt-deux) caméras de vidéo-surveillance" dans le massif, dit à l'AFP Jean-Luc Gleyze, président (PS) du département et du Sdis 33.
"Mais restons humbles: le changement climatique peut créer de plus en plus d'étés 2022", ajoute-t-il, demandant l'établissement dans le Sud-Ouest d'une base de Canadairs, avions de capacité supérieure.
Relevé mardi au niveau "modéré-haut", le risque d'incendie suppose le prépositionnement en forêt de sept Groupes d'intervention (Giff), soit 77 sapeurs-pompiers, outre les personnels des 74 casernes girondines.
Côté gendarmerie, des Pelotons de vigilance forêt (PVF) d'une vingtaine d'unités, impliquant des réservistes, ont été créés en 2022. Ce dispositif, déployé depuis une semaine en appui des brigades départementales, vise à "détecter des comportements suspects" et "tenir le terrain pour rassurer la population", explique le général Samuel Dubuis, commandant régional.
"On a deux ans de recul sur les méga-feux de Landiras", souligne le chef d'escadron Erika Escalin, qui commande la compagnie locale de gendarmerie de Langon-Toulenne. "On arrive à un dispositif abouti, consolidé, avec une présence forte sur le terrain", fait-elle valoir.
- "Lunaire" -
En outre, avec 400.000 euros investis en 2024, la gendarmerie a déployé 46 vélos et trottinettes électriques, 18 motos, 4 quads et 5 drones, moyens "parfaitement adaptés au terrain" selon le général Dubuis.
"On a tiré les enseignements des incendies 2022", veut-il croire, avec 450 à 600 gendarmes par jour "qui ont cette vigilance dans leur patrouille".
Bruno Lafon, président de la DCFI Aquitaine, confirme que le massif n'avait jamais été autant surveillé. Sur 2.000 bénévoles DFCI, 200 patrouillent chaque jour, en rotation.
Ses équipes aussi ont bénéficié d'une trentaine de nouveaux pick-ups jaunes équipés d'une citerne de 600 litres, pour 2,8 millions d'euros investis.
"Il a fallu malheureusement ce drame (de 2022) pour qu'on arrive à cette débauche de moyens (...) et qu'on rattrape un peu ce que nous n'avions pas par rapport au Sud-Est", observe-t-il.
En forêt de Saint-Symphorien, deux gendarmes du PVF rappellent les consignes de prudence à une famille près d'un point d'eau.
"C'est une bonne chose", réagit Sonia Passavant, retraitée de 69 ans, heureuse qu'on fasse "attention à notre patrimoine".
Cette Girondine a "très mal vécu" les mégafeux de 2022, contrainte d'évacuer son logement face à un paysage "lunaire". "Ça nous a fait vraiment mal. (...) J'en ai pleuré."
H.Hajar--DT