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Kelly Ortberg a pris jeudi ses fonctions de nouveau patron de Boeing, avec la difficile mission de redresser la qualité de la production et les finances du constructeur américain, tout en devant préparer l'avenir.
"Je ne peux vous dire combien je suis fier et ravi de faire partie de l'équipe Boeing", a déclaré jeudi Robert K. "Kelly" Ortberg, 64 ans, dans un message aux employés rendu public par le groupe.
"Nous avons clairement beaucoup de travail à faire, mais j'ai confiance dans le fait que, en travaillant ensemble, nous remettrons l'entreprise dans la position de leader qui est attendue d'elle", a-t-il poursuivi. "Nous avons ce qu'il faut pour gagner".
Il succède à Dave Calhoun, 67 ans, qui doit rester conseiller spécial du conseil d'administration jusqu'à sa retraite en mars 2025.
Si les finances de l'avionneur peinent à se rétablir après les crashes de 2018 et 2019 (346 morts) et la pandémie, la chute de M. Calhoun résulte de l'accumulation de problèmes de qualité et de conformité dans la branche aviation commerciale (BCA) de Boeing.
"Nous considérons Kelly Ortberg comme un atout pour Boeing", ont relevé les experts de Melius Research, soulignant que l'ex-patron de Rockwell Collins (devenu Collins Aerospace, filiale de RTX) "cochait beaucoup de cases".
Selon eux, outre sa formation d'ingénieur, il a dirigé une entreprise cotée, affiche une carrière de plusieurs décennies dans l'aéronautique et n'appartient pas à la famille Boeing, "ce qui devrait offrir une nouvelle approche".
Michel Merluzeau, consultant du cabinet spécialisé AIR, estime que son mandat chez Collins a été "solide, de bonnes acquisitions, un bon repositionnement du portefeuille tourné vers l'innovation et la migration des contrats vers le secteur gouvernemental".
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Il anticipe de Kelly Ortberg, un "patron de transition", une "rationalisation" pour recentrer Boeing sur ses activités fondamentales.
Le dossier le plus urgent est sans nul doute la qualité de la production. Le groupe a concocté une feuille de route, exigée par le régulateur FAA, pour y parvenir.
Boeing veut aussi racheter Spirit AeroSystems, un fournisseur crucial auquel il avait donné son indépendance en 2005. L'opération à 4,7 milliards de dollars, annoncée début juillet, doit être finalisée mi-2025.
La prise de fonction de celui qui a commencé sa carrière en 1983 comme ingénieur au sein de Texas Instruments, intervient après deux longues journées d'auditions organisées par l'Agence de sécurité des transports (NTSB) pour son enquête sur un incident en vol en janvier sur un 737 MAX 9.
Cet incident a sonné le glas de responsables du groupe, mobilisé la FAA — qui a notamment gelé sine die la production du 737 —, déclenché des enquêtes et réactivé le volet pénal lié aux deux crashes. Autant de dossiers auxquels Kelly Ortberg va devoir s'atteler.
"Cela ne va pas être tâche facile, c'est certain", a relevé M. Merluzeau.
Sans être issu du sérail Boeing, il ne lui est néanmoins pas inconnu puisque, rappelle Melius Research, M. Ortberg a remporté une "victoire importante" dans le programme du 787 Dreamliner lorsqu'il dirigeait Rockwell Collins. Et d'autres contrats ont suivi avec Boeing et son concurrent européen Airbus, ajoute Melius.
Autre élément en sa faveur: il va s'installer à Seattle (nord-ouest), berceau de Boeing où se trouvent en particulier les chaînes d'assemblage du 737 et du 777, dont la nouvelle génération 777X semble enfin à portée de certification après des années de retard. Les 737 MAX 7 et MAX 10, eux, languissent toujours.
Le syndicat IAM-District 751, qui représente plus de 30.000 employés de Boeing autour de Seattle, a estimé que sa présence "près du cœur économique du groupe, était un pas dans la bonne direction".
Un satisfecit d'autant plus important que Boeing négocie avec le syndicat la convention collective devant entrer en vigueur en septembre. Le principe d'une grève, faute d'accord à la date-butoir, a déjà été approuvé.
Outre des hausses salariales, le syndicat exige que le prochain avion — annoncé pour 2035, mais toujours pas présenté — soit fabriqué dans la région.
Autre gros dossier: le plaider-coupable de Boeing dans le volet pénal lié aux crashes annoncé le 24 juillet, qui attend la décision du juge, et les poursuites civiles.
Robert Clifford, avocat de familles de victimes, a également réagi positivement à la nomination de Kelly Ortberg, soulignant sa "bonne réputation" et le fait qu'il ne sorte pas des rangs de Boeing.
A.Hussain--DT