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"Allons les chercher!" a lancé depuis le balcon du palais de Miraflores, le président vénézuélien Nicolas Maduro qui a initié une campagne de délation visant ceux qui ont commis des "violences" lors des troubles qui sont suivi sa réélection contestée le 28 juillet.
Le pouvoir a mis en place une application pour téléphone portable et une ligne téléphonique de la très crainte DGCIM (Direction du contre-espionnage militaire) pour débusquer les "traitres" et les "terroristes", comme M. Maduro les qualifie.
Selon lui, quelque 2.200 personnes ont été arrêtées pendant et après les manifestations qui ont fait 24 morts selon les organisations de defense des droits humains.
Le Conseil national électoral (CNE) a ratifié vendredi la victoire de M. Maduro avec 52% des voix, sans toutefois rendre publics tous les procès-verbaux des bureaux de vote, assurant avoir été victime d'un piratage informatique.
Selon l'opposition, qui a elle publié les documents électoraux obtenus grâce à ses scrutateurs, mais dont la validité est rejetée par M. Maduro, M. Gonzalez Urrutia a remporté le scrutin avec 67% des voix.
"Il faut se faire respecter", a aussi déclaré M. Maduro depuis le palais présidentiel. "Je vais protéger le peuple rue par rue, quartier par quartier".
Devant la prison de Caracas regroupant une partie des détenus des manifestations, une femme attend des nouvelles de son frère, arrêté après des protestations dans un quartier populaire.
"Il était avec des amis dans une boulangerie" après une marche, "et la police est arrivée et les a emmenés", raconte-t-elle à l'AFP en demandant que son nom ne soit pas divulgué.
"Ils (les policiers) font même sortir les gens de chez eux, leur prennent leur téléphone pour voir ce qu'ils y ont contre le gouvernement. Ils vont de maison en maison... nous avons peur d'être arrêtés dans la rue", ajoute-t-elle.
L'ONG Foro Penal, qui défend les "prisonniers politiques", dénonce des "détentions arbitraires massives" dont plus d'une centaine de mineurs.
-"beaucoup de peur"-
"Il y a beaucoup de peur (...). Beaucoup de gens refusent de signaler leur cas", explique à l'AFP Gonzalo Himiob, vice-président de l'ONG.
"Il y a des cas où les gens ont été arrêtés non pas alors qu'ils manifestaient ou qu'ils étaient dans la rue, mais tard dans la nuit, chez eux, et apparemment ces arrestations sont le résultat de dénonciations (...), généralement dans des quartiers très modestes", poursuit-il.
Des militants pro-pouvoir ont aussi ouvert des groupes sur les messageries et réseaux sociaux pour pouvoir dénoncer des manifestants violents.
Le pouvoir a ouvert de son côté très rapidement sur l'application VenApp, qui sert à accéder à divers services sociaux de l'Etat, un onglet permettant de dénoncer les "guarimberos" (manifestants).
"Dénoncez-le!" lance un présentateur de la télévision d'Etat dans une vidéo de promotion de l'initiative: "Avez-vous vu que vous pouvez dénoncer un fasciste, un guarimbero, un terroriste ?"
L'application a été bloquée dans les boutiques de Google et d'Apple, puis désactivée.
M. Maduro a toutefois assuré que "plus de 5.000 menaces" signalées par l'intermédiaire de ce canal avaient été "traitées".
Parallèlement, la DGCIM a mis en place une ligne téléphonique pour les plaintes. L'opération a été baptisée "Tun-Tun", l'équivalent de "Toc-toc", pour montrer que la police peut frapper à n'importe quelle porte.
S.Saleem--DT