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Après une longue matinée consacrée au processus de production de Boeing dans l'usine du 737, l'après-midi de la première journée d'auditions organisées par l'Agence nationale de sécurité des transports (NTSB) pour son enquête sur un incident en vol en janvier a évoqué l'équipement défaillant, sans grande révélation.
Le 5 janvier 2024, pendant la phase d'ascension d'un Boeing 737 MAX 9 opérant le vol 1282 d'Alaska Airlines entre Portland (Oregon) et Ontario (Californie), une porte-bouchon - opercule condamnant une issue de secours redondante - se détache, laissant un trou béant dans le fuselage et faisant quelques blessés légers.
Cet incident, sur un avion livré en octobre, a révélé au grand jour les problèmes de qualité du constructeur aéronautique.
Pendant deux jours, qui devraient cumuler une vingtaine d'heures d'audition, l'agence américaine veut "obtenir les informations nécessaires afin de déterminer les faits, les circonstances et la cause probable" de l'incident. Puis "faire des recommandations pour améliorer la sécurité des transports", a-t-elle expliqué.
Elle a publié début février un rapport préliminaire accablant pour le géant de l'aéronautique: l'absence d'usure ou de déformation à certains emplacements indiquait que "quatre boulons prévus pour empêcher que la porte-bouchon ne se déplace vers le haut étaient manquants avant qu'elle ne bouge".
L'agence a recueilli des écrits et des photos montrant que des employés de Boeing avaient retiré ces boulons lors d'une inspection à son usine d'assemblage de Renton (nord-ouest).
John Lovell, enquêteur principal de la NTSB, a indiqué mardi matin que lorsque le fuselage incriminé avait quitté l'usine du fournisseur Spirit AeroSystems, les boulons étaient en place.
Mais, à son arrivée à l'usine de Renton située à 3.200 kilomètres, cinq rivets non conformes ont été repérés près de la porte-bouchon.
Celle-ci a été retirée, les rivets ont été remplacés et la porte-bouchon replacée, mais sans ses boulons d'attache.
- Sans trace -
Il n'existe aucune trace écrite des opérations concernant la porte-bouchon elle-même, tout juste sait-on que tout s'est passé entre le 18 septembre 05H16 et le 19 septembre 22H56, selon la description fournie par M. Lovell.
Les interrogatoires de l'après-midi ont permis d'affiner la fenêtre de son retrait - le 18 septembre entre 7H et 11H - et que cela avait été réalisé par un mécanicien de Boeing.
"Aucun des contractuels de Spirit ne procède au retrait de porte-bouchons", a affirmé Michael Riney, représentant de Spirit AeroSystems dans l'usine de Renton.
Ce qu'Elizabeth Lund, vice-présidente chargée de la qualité chez Boeing, a confirmé tout en précisant que, contrairement aux procédures prévues, le retrait et la remise en place de cet équipement n'ont pas été documentés.
Pourtant, selon elle, 62 cas similaires ont été correctement répertoriés depuis 2019.
La NTSB a convoqué quinze personnes.
Parmi elles, plusieurs représentants de Boeing, ainsi que de Spirit AeroSystems, du régulateur du transport aérien FAA et du syndicat local des machinistes IAM.
Outre les interrogatoires menés par un panel technique de la NTSB et par les membres de son conseil, les témoins sont aussi questionnés par des représentants des parties à l'enquête: l'association des pilotes de ligne, celle des stewards et hôtesses, l'IAM-District 751, la FAA, Spirit AeroSystems et Alaska Airlines.
En revanche, Boeing a perdu le privilège de pouvoir questionner les témoins pendant ces audiences bien que l'avionneur soit partie à l'enquête.
En effet, la NTSB n'a pas apprécié la présentation faite fin juin à Renton devant des journalistes, dont l'AFP, par Mme Lund au sujet des événements et a sanctionné Boeing.
L'agence a accusé le constructeur d'avoir cherché à influencer l'opinion publique et d'avoir manqué à ses engagements en tant que partie à l'enquête.
La patronne de la NTSB, Jennifer Homendy, a déploré à plusieurs occasions un manque de coopération de l'avionneur notamment dans la fourniture de documents et de vidéos de caméra de surveillance, qui auraient été "effacées" par d'autres enregistrements.
Selon Mme Lund, les images sont conservées 30 jours.
L'incident du vol 1282 a fait loupe sur les problèmes de qualité chez Boeing, affectant trois de ses quatre familles d'avions commerciaux (737, 787 Dreamliner, 777).
Il a entraîné audits et enquêtes (police, justice, Congrès), mise sous surveillance accrue par les régulateurs, renouvellement de l'équipe dirigeante et réouverture du dossier pénal lié aux crashes de 2018 et 2019 (346 morts).
K.Al-Zaabi--DT