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Les auditions organisées par l'Agence nationale de sécurité des transports (NTSB) pour son enquête sur l'incident en vol d'un 737 MAX 9 de la compagnie Alaska Airlines ont commencé mardi matin par décortiquer le processus de production, la formation et les inspections.
Le 5 janvier 2024, pendant la phase d'ascension d'un Boeing 737 MAX 9 opérant le vol 1282 d'Alaska Airlines entre Portland (Oregon) et Ontario (Californie), une porte-bouchon - opercule condamnant une issue de secours redondante - se détache, laissant un trou béant dans le fuselage et faisant quelques blessés légers.
Cet incident a révélé au grand jour les problèmes de qualité du constructeur aéronautique.
Pendant deux jours, qui devraient cumuler une vingtaine d'heures d'audition, l'agence américaine veut "obtenir les informations nécessaires afin de déterminer les faits, les circonstances et la cause probable" de l'incident. Puis "faire des recommandations pour améliorer la sécurité des transports", a-t-elle expliqué.
Elle a publié début février un rapport préliminaire accablant pour le géant de l'aéronautique: l'absence d'usure ou de déformation à certains emplacements indiquait que "quatre boulons prévus pour empêcher que la porte-bouchon ne se déplace vers le haut étaient manquants avant qu'elle ne bouge".
L'agence a recueilli des écrits et des photos montrant que des employés de Boeing avaient retiré ces boulons lors d'une inspection à son usine d'assemblage de Renton (nord-ouest).
John Lovell, enquêteur principal de la NTSB, a indiqué mardi matin que lorsque le fuselage incriminé avait quitté l'usine du fournisseur Spirit AeroSystems le 31 août 2023, les boulons étaient en place.
Mais, à son arrivée à l'usine de Renton située à 3.200 kilomètres, cinq rivets non conformes ont été repérés près de la porte-bouchon.
Celle-ci a été retirée, les rivets ont été remplacés - par des employés de Spirit stationnés à Renton - et la porte-bouchon replacée, mais sans ses boulons d'attache.
- Sans trace -
Il n'existe aucune trace écrite des opérations concernant la porte-bouchon elle-même, tout juste sait-on que tout s'est passé entre le 18 septembre 05H16 et le 19 septembre 22H56, selon la description fournie par M. Lovell.
L'usine de Renton emploie 10.000 personnes et fonctionne 24h/24, avec un roulement quotidien de trois équipes.
La NTSB a convoqué quinze personnes.
Parmi elles, plusieurs représentants de Boeing, dont la vice-présidente chargée de la qualité, Elizabeth Lund, ainsi que de Spirit AeroSystems, du régulateur du transport aérien FAA et du syndicat local des machinistes IAM.
Outre les interrogatoires menés par un panel technique de la NTSB et par les membres de son conseil, les témoins sont aussi questionnés par des représentants des parties à l'enquête: l'association des pilotes de ligne, celle des stewards et hôtesses, l'IAM-District 751, la FAA, Spirit Aerosystems et Alaska Airlines.
En revanche, Boeing a perdu le privilège de pouvoir questionner les témoins pendant ces audiences bien que l'avionneur soit partie à l'enquête.
En effet, la NTSB n'a pas apprécié la présentation faite fin juin à Renton devant des journalistes, dont l'AFP, par Mme Lund au sujet des événements et a sanctionné Boeing.
L'agence a accusé le constructeur d'avoir cherché à influencer l'opinion publique et d'avoir manqué à ses engagements en tant que partie à l'enquête.
Mme Lund avait notamment précisé que faute de document répertoriant le retrait de la porte-bouchon - opération inhabituelle à Renton -, les boulons n'ont jamais été remis en place avant sa livraison en octobre, ni son entrée en service en novembre.
"C'est un manque de respect de nos procédures", avait-elle reconnu, précisant que Boeing n'était pas en mesure d'identifier les employés concernés faute de documentation.
La patronne de la NTSB, Jennifer Homendy, a déploré en plusieurs occasions un manque de coopération de l'avionneur notamment dans la fourniture de documents et de vidéos de caméra de surveillance, qui auraient été "effacées" par d'autres enregistrements.
L'incident du vol 1282 a fait loupe sur les problèmes de qualité chez Boeing, affectant trois de ses quatre familles d'avions commerciaux (737, 787 Dreamliner, 777).
Il a entraîné audits et enquêtes (police, justice, Congrès), mise sous surveillance accrue par les régulateurs, renouvellement de l'équipe dirigeante et réouverture du dossier pénal lié aux crashes de 2018 et 2019 (346 morts).
F.Chaudhary--DT