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Le président vietnamien To Lam a été désigné samedi chef du Parti communiste au pouvoir, deux semaines après le décès de son prédécesseur Nguyen Phu Trong, faisant de lui le personnage le plus important du pays.
Au Vietnam, le secrétaire général du Parti est le principal dirigeant du pays. Outre son rôle au sein du parti unique, il préside l'Assemblée nationale et assume les fonctions de Premier ministre.
"Ce matin, le 3 août 2024, le comité central du Parti (...) a élu To Lam secrétaire général du Parti communiste du Vietnam", a annoncé le parti lors d'une conférence de presse.
"C'est un grand honneur", a réagi l'intéressé, affirmant que sa nomination répondait à un "besoin urgent".
Dans la région, le président chinois Xi Jinping l'a déjà félicité, selon la télévision d'Etat CCTV.
Agé de 67 ans, To Lam n'a pas précisé s'il abandonnerait la présidence du pays ou s'il continuerait à exercer cette fonction essentiellement protocolaire.
Sa nomination survient deux semaines après le décès à 80 ans de Nguyen Phu Trong, dont le mandat devait s'achever en 2026.
Nguyen Phu Trong dirigeait le Parti communiste vietnamien (PCV) depuis 2011, en faisant l'une des figures politiques les plus importantes de l'histoire récente du pays.
Il a notamment conduit une vaste campagne anticorruption qui a ébranlé le parti, la police, l'armée et les milieux d'affaires.
- Lutte anticorruption -
"Je continuerai à accélérer la lutte anticorruption, quelle que soit la personne visée", a assuré To Lam samedi.
"Nous avons gagné la confiance du peuple et de nos amis internationaux dans notre combat", a-tiil souligné.
Né en 1957 dans la province de Hung Yen, dans le Nord communiste, par opposition au Sud pro-américain de l'époque, To Lam est un pur produit du ministère de la Sécurité publique, qu'il a intégré après des études à l'académie de police.
Il en devient le chef en 2016, quelques années après avoir intégré le bureau politique du PCV, en 2011.
Sous To Lam, les dissidents ont fait l'objet d'une surveillance accrue des autorités, accusées d'avoir arrêté et détenu arbitrairement des journalistes, des écologistes ou des défenseurs des droits humains.
Au même moment, l'opération "brasier ardent" a traduit en justice des milliers de personnes pour fraude et corruption et révélé plusieurs scandales financiers d'ampleur qui ont choqué l'opinion.
Cette opération a provoqué des bouleversements spectaculaires à l'échelle du pays habitué à des tractations en coulisses donnant une image de stabilité appréciée des investisseurs étrangers.
"To Lam n'a pas eu peur de faire tomber des personnes très importantes" et "il va recommencer", estime Carl Thayer, professeur à l'université de Nouvelle-Galles du Sud.
- Du steak incrusté d'or -
To Lam a accédé à la présidence du pays en mai, une fonction élevée mais essentiellement protocolaire, non sans s'être assuré d'avoir nommé un proche pour le remplacer à la tête de la police.
Sous couvert de lutte anticorruption, To Lam a manoeuvré pendant des années pour écarter ses rivaux de la course à la succession de Nguyen Phu Trong.
Son ascension à la tête du pays n'aura connu qu'un seul accroc public.
En 2021, un scandale a éclaté après la diffusion d'une vidéo le montrant en train de manger un steak incrusté de paillettes d'or à plusieurs centaines d'euros, dans un restaurant branché de Londres, après avoir visité la tombe de Karl Marx.
Un vendeur de nouilles qui a parodié le clip a été condamné par la suite à plusieurs années de prison, en dépit de l'appel des groupes de défense des droits humains à abandonner les accusations.
G.Koya--DT