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Environ 4.000 personnes ont été forcées d'évacuer en Californie, face à un violent mégafeu qui continue de grossir dangereusement vendredi, malgré l'intervention de 1.700 pompiers et provoque l'inquiétude des autorités.
Depuis qu'il s'est déclenché mercredi après-midi dans le nord du "Golden State", le "Park Fire" a ravagé plus de 720 km2 de forêt et 134 bâtiments vendredi et était "contenu à 0%", selon l'agence CalFire.
L'incendie progresse à la vitesse de marche d'un homme, dans une région rurale située à trois heures de route au nord-est de San Francisco.
L'énorme colonne de fumée noire qu'il génère est si vaste qu'elle ressemble aux nuages typiques des orages ultra-violents de l'Ouest américain, a constaté un photojournaliste de l'AFP.
Les flammes ont forcé 4.000 personnes à évacuer dans les villages de Cohasset et Forest Ranch, après que le feu se soit déclaré dans la petite ville de Chico.
Cet immense feu de forêt ravive de mauvais souvenirs: une partie de la ville de Paradise, où 85 personnes ont péri en 2018 dans l'incendie le plus meurtrier de l'histoire de la Californie, est désormais sous alerte et ses habitants doivent se préparer à toute éventualité.
"Vous devez être prêts à partir", a martelé jeudi soir le shérif du comté de Butte, Kory Honea. "Si l'incendie se propage, je ne peux pas vous promettre ou vous garantir que nous pourrons vous sauver la vie."
- Origine criminelle -
"Il s'agit d'une situation changeante", a-t-il insisté vendredi lors d'un nouveau point presse, en rappelant que le feu "a traversé" le village de Cohasset pendant la nuit.
Certains résidents qui ont échappé aux flammes ont décrit aux médias locaux leur fuite stressante, sur le seul chemin forestier accessible de la région, où leurs phares avaient du mal à percer la fumée noire.
"C'était bien sûr inquiétant de savoir que c'était la seule façon de s'en sortir", a confié Nikko Shelton au quotidien Sacramento Bee.
"Je me sens comme paralysée. C'est surréaliste", a lâché Julia Yarbough, dont la maison a été rasée par les flammes, sur la chaîne CBS.
L'incendie est d'origine criminelle, selon les autorités. Un homme de 42 ans a été placé en détention provisoire jeudi matin, après avoir été vu en train de pousser une "voiture en feu dans un ravin", d'après le parquet local.
Ce suspect avait été condamné à 20 ans d'emprisonnement en 2003. Son casier judiciaire mentionne une agression sexuelle sur mineure et un braquage à main armée.
Sur le terrain, des renforts de multiples endroits de Californie ont été dépêchés. Une alerte rouge a été émise par les services météorologiques pour vendredi, à cause de vents forts qui risquent de favoriser la propagation du feu.
"Nous observons une croissance extrême au nord" de l'incendie, a expliqué vendredi Billy See, un commandant des pompiers.
Faute de mieux, les soldats du feu concentrent l'essentiel de leurs moyens pour protéger les zones habitées.
"Nous espérons que les conditions météorologiques s'amélioreront considérablement à partir de ce week-end, avec des températures plus fraîches et une augmentation de l'humidité relative, ce qui nous permettra d'accéder plus facilement au périmètre lui-même, au lieu de rester sur la défensive", a-t-il détaillé.
- "Comportement extraordinaire" -
"C'est vraiment le premier incendie de ces dernières années en Californie dont je qualifierais le comportement d'extraordinaire, et ce n'est pas une bonne chose", a commenté jeudi soir Daniel Swain, spécialiste des événements extrêmes à l'université UCLA.
Cet expert compare ce mégafeu à ceux qui ont ravagé la Californie dans les années 2010, parmi les pires de l'histoire de cet Etat de l'Ouest américain.
"La seule bonne nouvelle est qu'il n'y a pas de grandes villes dans la trajectoire immédiate de l'incendie", a-t-il ajouté, en estimant que le feu pourrait durer "pendant des semaines, voire des mois."
Après deux hivers pluvieux, l'Ouest américain a subi plusieurs vagues de chaleur depuis juin, ce qui assèche la végétation qui a repoussé et favorise la propagation des flammes.
"Nous avons battu des records (de température) (...) et ce dans une zone très étendue, allant du nord-ouest du Mexique à l'ouest du Canada", a-t-il insisté.
Des centaines d'incendies brûlent actuellement dans toute la zone, notamment en Oregon et au Canada.
Les vagues de chaleur à répétition sont un marqueur du réchauffement de la planète lié au changement climatique causé par la dépendance de l'humanité aux énergies fossiles, selon les scientifiques.
I.Mansoor--DT