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En larmes, se serrant dans les bras, des habitants de Kencho Shacha Gozdi descendent mercredi soir, après une troisième journée de fouilles désespérées, la colline où un glissement de terrain a englouti leurs proches dans cette zone rurale et isolée du sud de l'Ethiopie.
Le dernier bilan officiel, encore provisoire et qui n'a pas été actualisé depuis, faisait état mardi d'au moins 229 morts, faisant de ce glissement de terrain le plus meurtrier jusqu'ici publiquement signalé en Ethiopie, deuxième pays le plus peuplé du continent africain (120 millions d'habitants).
Selon des images diffusées mercredi par la SRTA, télévision officielle de l'Etat régional d'Ethiopie du Sud, la population a commencé à enterrer ses morts: des hommes creusent des alignements de tombes, pendant que des femmes pleurent des corps enveloppés dans des linceuls et allongés sur des brancards de fortune, faits de branches.
Les images de la SRTA montrent aussi des membres de la Croix-Rouge éthiopienne en gilet rouge distribuer de l'aide.
"Le bilan (provisoire) est toujours de 229 morts", a indiqué mercredi matin à l'AFP une source onusienne à Addis Abeba. "Les opérations de secours continuent et s'intensifient", a poursuivi cette source.
Les rares images diffusées depuis lundi montraient des habitants creusant à l'aide de simples pelles ou de houes, voire à mains nues, l'épais amas de glaise rougeâtre, pour en extraire des corps.
Senait Solomon, responsable de la communication du gouvernement de l'Etat régional d'Ethiopie du Sud, où est situé la zone touchée, a indiqué à l'AFP que huit survivants avaient pu être extraits jusqu'ici.
Selon un policier sur place, au moins 20 corps ont été retrouvés mercredi, mais aucune annonce officielle n'a été faite. Le nombre de personnes toujours portées disparues n'est pas connu dans l'immédiat.
- Evacuation urgente -
Selon Firaol Bekele, directeur de la Division Alerte précoce à la Commission éthiopienne de Gestion des risques de catastrophe (EDRMC), les opérations de recherche ont été renforcées par "des drones pilotés par des spécialistes de l'INSA", l'agence éthiopienne de cybersécurité.
"Une équipe multidisciplinaire - réponse d'urgence, santé, hygiène et assainissement, notamment - de diverses agences fédérales est en route vers les zones touchées pour fournir une aide complète aux personnes affectées", a-t-il également expliqué à l'AFP.
La catastrophe est survenue dans le kebele (plus petite division administrative) de Kencho Shacha Gozdi, zone rurale et vallonnée à quelque 480 km et une dizaine d'heures de route d'Addis Abeba.
"De l'aide alimentaire et non-alimentaire, fournie par le gouvernement fédéral et les régions voisines est parvenue aux populations touchées", a-t-il ajouté précisant que des "zones sûres ont été identifiées pour héberger les personnes qui se retrouvent sans abri".
Selon la source onusienne, 125 villageois ont été délogés par la catastrophe. Mais quelque 14.000 personnes - dont 5.000 femmes enceintes ou allaitantes et 1.300 enfants - vivant alentour doivent désormais "être évacuées rapidement en raison des risques de nouveau glissement de terrain".
Une équipe d'évaluation interagences de l'ONU, à laquelle doivent se joindre des ONG humanitaires, est également en route et doit arriver mercredi sur le site.
- transférer la population? -
L'évaluation complète pour établir le bilan des morts, des blessés et des destructions n'est pas terminée mais "l'étendue des dégâts est énorme", selon Senait Solomon.
Environ 18% de la population d'Ethiopie (21,4 millions de personnes) dépend de l'aide humanitaire et 4,5 millions de personnes sont actuellement déplacées par des conflits ou des catastrophes climatiques (sécheresse, inondations...), selon l'ONU.
Dans la zone touchée par le glissement de terrain, le sol "n'est pas ferme, donc, quand il y a de fortes pluies, il s'affaisse immédiatement et dégringole vers le bas", avait expliqué mardi à l'AFP un Ethiopien originaire d'un woreda (district) voisin de celui sinistré.
Les habitants "vivent en contrebas des reliefs peu habitables à cause du froid", avait-il ajouté. "Ce n'est pas la première catastrophe de ce type. L'an dernier, plus de 20 personnes ont été tuées. A chaque saison des pluies, des gens meurent à cause des glissements de terrain et des fortes pluies dans cette zone".
M. Firaol estime donc nécessaire de "trouver une solution pour parer au risque de façon permanente. Cela pourrait inclure de transférer ailleurs la population de la zone, sur la base d'une étude exhaustive".
L'Etat régional d'Ethiopie du Sud fait partie des nombreuses zones qui ont été touchées par des inondations en avril et mai en Ethiopie, pendant la "petite" saison des pluies. La "longue" saison des pluies a commencé en juin et doit se poursuivre jusqu'en septembre.
W.Zhang--DT