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Trois députés de l'opposition ougandaise ont été placés en détention provisoire, a annoncé la police lundi soir, à la veille de manifestations contre la corruption interdites par les autorités.
Les trois députés font partie de la Plateforme d'unité nationale (NUP), dont les locaux dans la banlieue de la capitale Kampala ont été plus tôt dans la journée "assiégés par des policiers et des militaires lourdement armés", a déclaré à l'AFP Bobi Wine, principal opposant en Ouganda.
Un porte-parole de la police, Kituuma Rusoke, a déclaré que ce déploiement avait été décidé "pour des raisons de sécurité". "Il y avait des renseignements très crédibles selon lesquels une foule importante aurait été mobilisée pour assister à la conférence de presse" prévue lundi par l'opposant, a poursuivi le porte-parole.
La manifestation de mardi vers le Parlement, interdite par la police, est maintenue par les organisateurs. "Nous allons manifester demain quoi qu'il arrive", a réagi une manifestante, Shamin Nambasa, interrogée par l'AFP.
"Alors que les Ougandais se rendront demain au Parlement pour protester, ils devraient être conscients que le régime est prêt à verser leur sang pour rester au pouvoir, mais cela ne devrait effrayer personne", a affirmé de son côté l'opposant Bobi Wine, de son vrai nom Robert Kyagulanyi.
La police a invoqué des risques de "chaos" pour interdire la manifestation de mardi. Et le président Museveni a mis en garde samedi lors d'un discours à la nation ceux qui comptent manifester, déclarant qu'ils "jouent avec le feu" et critiquant "certains éléments (qui) ont planifié des manifestations illégales, des émeutes".
- "Divers délits" -
Les trois députés arrêtés, avec sept autres personnes, "sont accusés de divers délits" et ont été "placés en détention provisoire", a déclaré à l'AFP le porte-parole de la police ougandaise, Kituuma Rusoke, ajoutant que tous comparaîtraient jeudi.
L'Ouganda est dirigé d'une main de fer depuis 1986 par le président Yoweri Museveni.
Les autorités ougandaises ont souvent réprimé le NUP ainsi que Wine, ex-popstar et qui a défié le président Yoweri Museveni lors de la dernière élection présidentielle en 2021.
Durant cette élection, entachée de fraudes selon l'opposition, des manifestations contre une énième arrestation de l'opposant Bobi Wine avaient été violemment réprimées par les forces de l'ordre, faisant au moins 54 morts.
Selon l'ONG Transparency International, l'Ouganda pointe au 141e rang sur 180 en matière de corruption.
Fin mai, les Etats-Unis ont imposé des sanctions contre cinq haut responsables ougandais dont la présidente du Parlement, Anita Among, en raison d'accusations de corruption ou de violation des droits humains. Kampala avait critiqué cette décision, appelant au respect de sa "souveraineté" et de sa "justice".
Le mouvement, qui a pris forme sur les réseaux sociaux autour du hashtag "StopCorruption", est organisé hors de tout cadre politique.
Les organisateurs se sont inspirés des manifestations qui secouent depuis plus d'un mois le Kenya voisin. Depuis le 13 juin, des rassemblements y sont organisés contre un projet de budget décrié, finalement retiré par le président William Ruto, mais également contre la corruption.
Les manifestations au Kenya ont viré au chaos le 25 juin lorsque le Parlement a été brièvement pris d'assaut. La police avait alors tiré à balles réelles.
Selon une organisation officielle de défense des droits humains, au moins 50 personnes ont été tuées au Kenya depuis le début des rassemblements.
Z.W.Varughese--DT