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La plupart sont en exil ou en prison. Mais une poignée de militants pro-démocratie, comme Chan Po-ying, tentent encore de faire entendre une petite "voix" discordante à Hong Kong malgré le renforcement continu de la répression.
Jeudi, en marge d'une audience qui a déclaré 14 militants coupables de "subversion" pour leur rôle dans la contestation de 2019 qui a ébranlé le territoire rétrocédé par Londres à la Chine en 1997, elle et une poignée de manifestants ont osé se rassembler devant le tribunal.
"Hong Kong devrait rester un endroit où l'on a la liberté de parole et de manifestation", a déclaré cette femme de 68 ans devant des journalistes. La police a peu après annoncé son interpellation pour "trouble à l'ordre public".
Les accusés jugés jeudi avaient refusé de reconnaître une éventuelle responsabilité pénale dans les gigantesques manifestations prodémocratie, parfois violentes, de 2019. Parmi ceux-ci figure Leung Kwok-hung, son mari.
Comme les 45 autres accusés dans cette procédure fleuve, dont la plupart ont plaidé coupable, cet ancien député encourt la prison à perpétuité. Leur peine doit être rendue publique au courant de l'année.
- Tour de vis -
Cofondatrice avec son époux en 2006 de la Ligue des sociaux-démocrates, Chan Po-ying est longtemps restée dans l'ombre de ce personnage emblématique, plus connu sous le nom de "Long Hair" en raison de ses cheveux longs.
Après l'introduction à l'instigation de Pékin d'une loi sur la sécurité nationale en 2020 et des vagues d'arrestations et de départs en exil, elle s'est retrouvée en première ligne sans vraiment l'avoir voulu. Et sans se résoudre à baisser les bras.
"En tant que citoyenne qui croit en ses idéaux, je pense qu'il est important que nous défendions certains de nos droits élémentaires", a-t-elle récemment déclaré à l'AFP. "Je dois m'accrocher".
Un nouveau tour de vis est intervenu en mars, avec l'entrée en vigueur d'une nouvelle loi sur la sécurité nationale destinée à compléter celle de 2020.
Maintenant que "Long Hair" a été reconnu coupable, Chan Po-ying risque de ne plus pouvoir lui rendre visite en prison qu'une demi-heure quatre fois par mois, au lieu d'une visite quasi quotidienne jusqu'alors.
Plus de trois ans de détention ont déjà profondément affecté, voire "déformé", son mari, témoigne-t-elle.
"En prison, séparés par la cloison de verre, nous savons que le téléphone est surveillé, que les lettres que nous envoyons sont relues, alors à part quelques bavardages occasionnels, nous ne parlons pas vraiment de quoi que ce soit", a-t-elle confié.
- "Plus d'espoir" -
Bien qu'ils ne soient pas eux-mêmes accusés d'actes répréhensibles, de nombreux proches d'accusés préfèrent aujourd'hui faire profil bas pour ne pas attirer l'attention des autorités.
Emilia Wong confesse que son compagnon Ventus Lau, l'un des 31 militants à avoir plaidé coupable, a été envoyé à l'isolement après qu'elle eut souligné de façon ironique sur les réseaux sociaux qu'il disposait d'une vue sur la mer depuis sa cellule.
"Ils ne veulent pas que vous mainteniez une présence dans la société", déclare Emilia Wong. "Aujourd'hui, il m'est difficile de penser à l'avenir, car il est trop incertain", ajoute-t-elle.
Mais Chan Po-ying, dont le parti n'a pas été formellement interdit, dit ne pas vouloir se résoudre au silence.
"Je crains qu'il ne soit très facile pour la société de céder à la pression, de se taire ou de renoncer automatiquement à nos droits", affirme-t-elle.
Or "nous ne voulons pas que la société perde sa voix", ajoute-t-elle. "En tant qu'humble citoyenne, je pense que quand il ne reste plus comme discours que le discours officiel, il est de notre devoir de ne pas laisser d'autres réécrire notre histoire".
Pour autant, estime-t-elle, il n'y a "plus d'espoir". Même pour ceux des prisonniers qui auraient un jour la chance d'être libérés.
"De nos jours, je pense que tout le monde a le sentiment que, même après avoir purgé sa peine, on ne fait que quitter une petite prison pour entrer dans une plus grande", dit la militante hongkongaise.
G.Rehman--DT