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Joe Biden a annoncé jeudi qu'il refusait de remettre l'enregistrement de sa déposition devant un procureur spécial, dont la description par ce dernier avait provoqué, notamment chez ses opposants, un déluge de commentaires sur la mémoire et l'agilité mentale du président américain de 81 ans.
Robert Hur, le procureur en question, avait recommandé dans son rapport de 388 pages en février un non-lieu pour Joe Biden dans une affaire de rétention de documents confidentiels. Mais il avait évoqué un "homme âgé à la mauvaise mémoire", des commentaires "déplacés" selon la Maison Blanche.
En cette année électorale, qui doit voir M. Biden affronter Donald Trump en novembre, des commissions parlementaires contrôlées par les républicains exigeaient que l'enregistrement leur soit fourni.
Sur recommandation de son ministre de la Justice, Merrick Garland, M. Biden a invoqué ses "prérogatives de chef de l'exécutif" pour rejeter cette demande, ont écrit aux présidents républicains de ces commissions le conseiller juridique de la Maison Blanche, Ed Siskel, et le ministère de la Justice.
"L'absence de nécessité légitime pour réclamer ces enregistrements audio expose au grand jour votre but probable: les saucissonner, les déformer et les utiliser à des fins partisanes", écrit Ed Siskel aux présidents des deux commissions, Jim Jordan et James Comer.
M. Garland a pour sa part justifié sa recommandation d'invoquer les prérogatives de l'exécutif à conserver secrètes certaines informations.
"Nous sommes allés extraordinairement loin pour garantir que les requêtes légitimes des commissions soient satisfaites, mais celle-ci n'en est pas une", a-t-il déclaré aux journalistes lors d'un point de presse au ministère de la Justice.
Accéder à cette demande aurait "nui à notre capacité à l'avenir à conduire des enquêtes sensibles", a-t-il fait valoir.
Un argumentaire rejeté par l'autre camp.
- Obstruction -
"Pour déterminer si le procureur spécial a agi conformément à la justice en ne poursuivant pas - en ne recommandant pas de poursuivre - le président, les enregistrements sont nécessaires", a déclaré le président de la commission judiciaire, Jim Jordan.
"Franchement, les retranscriptions ne constituent pas à elles seules une preuve suffisante de l'état de la mémoire du président, car la Maison Blanche a par le passé modifié des retranscriptions", a-t-il assuré.
Les républicains au sein de deux commissions de la Chambre des représentants devaient présenter jeudi des résolutions visant à condamner Merrick Garland pour obstruction au pouvoir d'enquête du Congrès, après le refus du ministère de la Justice de remettre les enregistrements.
Nommé en janvier 2023 par M. Garland, le procureur spécial avait conclu dans son rapport que Joe Biden avait "sciemment gardé et divulgué des documents classifiés après sa vice-présidence alors qu'il était un simple citoyen".
Mais il avait considéré qu'"une inculpation ne se justifierait pas", estimant notamment qu'un jury accorderait le bénéfice du doute à "un homme âgé sympathique, bien intentionné, avec une mauvaise mémoire".
Le procureur avait notamment assuré que le président, lors d'un interrogatoire, ne se souvenait plus de l'année du décès de son fils aîné Beau.
Le camp démocrate avait dénoncé des commentaires "gratuits" aux "motivations politiques" mais ses adversaires républicains à la Chambre des représentants avaient immédiatement exploité le rapport pour estimer que Joe Biden était "inapte" à exercer ses fonctions.
Lors d'une audition en mars devant les deux commissions de la Chambre des représentants, Robert Hur avait justifié ses commentaires sur sa mémoire.
"Je n'ai pas aseptisé mon explication, ni dénigré injustement le président", a-t-il assuré.
La nomination du procureur spécial en janvier 2023 faisait suite à la découverte de documents classés confidentiel datant de l'époque où Joe Biden était vice-président (2009-2017), notamment sur l'engagement militaire américain en Afghanistan, dans sa résidence de Wilmington, dans le Delaware (est), ainsi que dans un ancien bureau.
H.El-Din--DT