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Le bilan des inondations et coulées de lave froide qui ont ravagé l'île indonésienne de Sumatra s'est encore alourdi, atteignant 57 morts après la découverte mardi de nouveaux corps tandis que 22 personnes sont toujours portées disparues, ont indiqué des responsables provinciaux.
Des pluies diluviennes se sont abattues pendant plusieurs heures samedi soir sur six districts de l'ouest de l'île de Sumatra, provoquant crues subites et coulées de lave froide provenant du mont Marapi, le volcan le plus actif de l'île.
"A ce jour, 57 victimes ont été retrouvées mortes", a déclaré à l'AFP Ilham Wahab, responsable de l'agence de gestion des catastrophes de Sumatra occidental, ajoutant que 22 personnes sont encore portées disparues. Le précédent bilan faisait état de 50 morts.
Les fortes crues ont également fait 37 blessés et entraîné l'évacuation de plus de 3.300 personnes, a rapporté dans un communiqué le porte-parole de l'agence nationale de gestion des catastrophes (BNPB), Abdul Muhari.
Des ouvriers ont commencé à nettoyer les bâtiments endommagés après le déluge tandis que les sauveteurs ont déployé un drone thermique pour faciliter les recherches, utilisant des excavatrices mais creusant aussi à mains nues pour tenter de retrouver des survivants dans les rivières et les décombres.
Suharyanto, le chef de la BNPB qui ne porte qu'un seul nom comme souvent en Indonésie, a prévenu que le bilan pourrait encore s'alourdir.
"Le décompte va continuer à évoluer", a-t-il averti, exhortant à agir "le plus rapidement possible" pour "aider à retrouver (les victimes) qui sont toujours portées disparues".
- "Temps précieux" -
Précisant que les sauveteurs ne disposent plus que d'un "temps précieux" pour sauver des vies, le responsable a indiqué que "des équipements lourds ont été acheminés pour nettoyer les zones touchées".
"Après cela, nous nous rendrons dans les refuges pour nous assurer que les sinistrés reçoivent ce dont ils ont besoins", a-t-il ajouté.
L'acheminement de l'aide se fait par voie aérienne et terrestre en utilisant des ponts d'urgence, après que certaines routes ont été coupées, a-t-il précisé.
En outre, 71 habitations ont été emportées et 125 autres ont subi des dégâts, selon un bilan publié lundi par la BNPB.
"Maintenant, (nous sommes) très traumatisés. Ma famille et moi avons peur d'y retourner. J'ai envie de louer (une maison) ailleurs", a témoigné Refki Amelia, une mère de trois enfants, âgée de 39 ans, à Agam, qui a survécu mais a perdu sa mère et sa nièce.
Meli Karmila, une mère de famille de 29 ans, a raconté s'être précipitée hors de chez elle avec son unique enfant lorsque l'inondation est arrivée. Elle a alors escaladé une voiture coincée dans une maison voisine pour s'abriter au deuxième étage.
"Quand j'ai vu cette montagne d'eau... oh mon Dieu. J'avais l'impression que j'allais mourir. Là, j'ai vomi, mon ulcère à l'estomac s'est réveillé", a-t-elle déclaré à l'AFP, précisant que sa propre maison avait été "détruite".
Sur les six districts de Sumatra affectés par les intempéries, ceux d'Agam et Tanah Datar ont été les plus durement touchés par les crues soudaines et les coulées de lave froide.
La lave froide est un magma formé par les diverses matières qui composent les parois d'un volcan: cendres, sable et roches. Sous l'effet de la pluie, celles-ci peuvent se mélanger et couler le long du cratère.
Dans le district d'Agam, dont la population dépasse les 500.000 personnes, des dizaines de maisons et d'édifices publics ont subi des dégâts, selon l'agence locale de gestion des catastrophes.
Dans celui de Tanah Datar, où résident environ 370.000 habitants, 84 habitations, 16 ponts et deux mosquées ont été endommagés, ainsi que 20 hectares de rizières, selon le décompte dimanche de la BNPB.
L'Indonésie est sujette aux glissements de terrain et aux inondations pendant la saison des pluies.
En 2022, environ 24.000 personnes ont été évacuées et deux enfants sont morts dans des inondations sur l'île de Sumatra, les défenseurs de l'environnement accusant la déforestation causée par l'exploitation forestière d'avoir aggravé la catastrophe.
Le mont Marapi, l'un des volcans les plus actifs d'Indonésie, est entré en éruption en décembre, crachant une tour de cendres qui a atteint 3.000 mètres. Au moins 24 randonneurs sont morts dans l'éruption, pour la plupart des étudiants.
A.Al-Mehrazi--DT