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Neuf membres présumés d'un réseau armé comparaissent lundi en Allemagne pour un projet de coup d'Etat déjoué fin 2022, premier d'une série de trois procès prévus pour ce groupe extrémiste dont le démantèlement avait stupéfié le pays.
L'apparition devant le tribunal de Stuttgart des neuf premiers suspects de cette affaire judiciaire tentaculaire suscite un fort intérêt.
Le groupuscule, nourri aux idéologies complotistes et d'extrême droite, celles des Reichsbürger (citoyens du Reich, ndlr), projetait d'envahir la chambre des députés allemands à Berlin, pour y arrêter les élus et renverser le gouvernement.
Les neuf hommes appelés à la barre lundi sont soupçonnés pour la plupart d'avoir été chargés des opérations militaires du réseau.
Mais au total, ils seront 26 à devoir répondre de leurs projets devant la justice allemande dans trois procès différents.
- Un "Prince" -
Le cerveau présumé est un aristocrate et homme d'affaires septuagénaire, Henri XIII, dit Prince Reuss et descendant d'une lignée de l'Etat de Thuringe.
Il sera jugé avec huit autres meneurs présumés du groupe, dont une ancienne députée d'extrême droite et un ex-haut gradé de l'armée, à Francfort à partir du 21 mai.
Un troisième procès aura lieu à partir du 18 juin à Munich contre les derniers huit autres membres interpellés le 7 décembre 2022.
Le groupuscule s'était structuré fin juillet 2021, avec une organisation politique et militaire, en vue d'un coup d'Etat.
La mouvance des Reichsbürger regroupe des extrémistes de droite et amateurs d'armes qui rejettent la légitimité de la République allemande moderne: ils croient en la pérennité du Reich allemand d'avant la Première Guerre mondiale, sous la forme d'une monarchie, et plusieurs groupes de sympathisants ont décrété la création de leurs propres mini-Etats.
- Ombre de Moscou -
Sur le complot plane également l'ombre de Moscou. La compagne présumée de Henri XIII, une ressortissante russe nommée "Vitalia B.", est en effet suspectée d'avoir "mis en contact l'aristocrate avec le consulat général de Russie à Leipzig et l'y a accompagné en juin 2022".
Henri XIII cherchait à s'assurer du soutien de Moscou, même si, au moment du démantèlement de la cellule, le Kremlin avait démenti toute "ingérence".
Le réseau s'était donné les moyens de ses ambitions, avec "environ 500.000 euros" à disposition, ainsi qu'un "arsenal d'environ 380 armes à feu, près de 350 armes blanches ainsi que 500 autres armes et au moins 148.000 munitions", selon les enquêteurs.
Ils avaient également acheté d'autres équipements, y compris des casques balistiques, des gilets pare-balles, des appareils de vision nocturne et des menottes.
A Stuttgart, la majeure partie des neuf accusés sont soupçonnés d'avoir tenté de recruter d'autres personnes à leur cause dans les rangs de l'armée ou de la police allemande, ou parmi d'anciens membres de ces deux institutions.
Parmi les neuf suspects, Markus H. et Andreas M. faisaient partie des instances dirigeantes, tandis que Matthias H. et Steffen W. étaient responsables de la formation militaire.
Alexander Q. était chargé par Marco van H. de répandre des théories du complot sur internet et avait pour objectif la création d'une propre chaîne de télévision à des fins de propagande, une fois le coup d'Etat réussi.
Un autre accusé désigné par la lettre S. était chargé de développer les infrastructures informatiques du groupe.
Un dernier suspect, Markus L., est en outre accusé de tentative de meurtre pour avoir tiré à bout portant sur des policiers qui effectuaient une perquisition à son domicile à Reutlingen en mars 2022.
Pour chacun des les trois procès, Stuttgart, Francfort, Munich, la justice a prévu une cinquantaine de jours d'audience, jusqu'en janvier 2025 au moins.
Y.Amjad--DT