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Les hommages se multiplient lundi après l'annonce du décès dans un accident de la route du détenteur du record du monde du marathon, le Kényan Kelvin Kiptum, favori pour le titre olympique aux Jeux de Paris cet été.
Le nouveau phénomène de l'athlétisme kényan âgé de 24 ans, marié et père de deux enfants, est mort dimanche soir vers 23H00 (20H00 GMT) à proximité de la localité de Kaptagat, dans la vallée du Rift, sa région d'origine où il vivait et s'entraînait, a annoncé la police.
Kelvin Kiptum conduisait une voiture avec deux passagers à bord: son entraîneur Gervais Hakizimana, également tué sur le coup, et une femme qui a été transportée à l'hôpital, blessée.
Selon un rapport de police consulté par l'AFP, "il a perdu le contrôle (du véhicule) et fait une sortie de route", roulant sur "environ 60 mètres avant de heurter un gros arbre".
Des images diffusées par les médias kényans montrent sa voiture, le pare-brise enfoncé et le toit disloqué par l'impact.
Kelvin Kiptum avait fait une irruption tonitruante dans le monde du marathon en battant à Chicago en octobre dernier le record du monde (2 h 00 min et 35 sec) détenu par la légende de la discipline, son compatriote Eliud Kipchoge, pour le troisième marathon de sa carrière seulement.
Il avait annoncé qu'il allait tenter de devenir le premier homme à courir un marathon officiel sous la barre symbolique des deux heures à Rotterdam le 14 avril.
Eliud Kipchoge, double champion olympique du marathon (2016, 2021), s'est dit "profondément attristé" par la "mort tragique" de celui qui était présenté comme son héritier, estimant qu'"il avait toute la vie devant lui pour atteindre l'excellence", dans un message sur le réseau social X.
Les deux athlètes devaient courir pour la première fois l'un contre l'autre aux Jeux de Paris.
"Nous étions impatients de l'accueillir dans la communauté olympique aux Jeux Olympiques de Paris 2024 et de voir ce que le marathonien le plus rapide du monde pouvait réaliser", a déclaré le président du Comité international olympique, Thomas Bach, sur X.
- "Il était notre avenir" -
La mort du jeune homme, fauché en pleine ascension, a suscité une vague d'hommages d'athlètes, dirigeants sportifs et d'hommes politiques kényans.
Le président William Ruto a salué la mémoire d'"un sportif extraordinaire qui a laissé une trace extraordinaire" dans le sport. "Kiptum était notre avenir", a-t-il affirmé sur X.
La star kényane Faith Kipyegon, multiple championne du monde et olympique qui a battu les records du monde du 1.500 m et du 5.000 m l'an dernier, a exprimé sa tristesse sans mot, postant trois emojis en pleurs et un drapeau du Kenya sur son compte X.
"Kiptum était l'un des nouveaux espoirs les plus excitants à émerger dans le domaine de la course sur route ces dernières années", a souligné la fédération internationale d'athlétisme dans un communiqué, tandis que son président Sebastian Coe a rendu hommage à "un athlète incroyable" qui "nous manquera beaucoup".
Le double champion olympique (2012, 2016) kényan du 800 m David Rudisha a regretté "une énorme perte".
Dans le village de sa famille, des habitants sont venus apporter leur soutien au père de l'athlète, Samson Cheruiyot, ainsi qu'à l'épouse de Kiptum, Asenath Rotich.
- Gardien de chèvres -
Kelvin Kiptum est mort non loin de son village d'origine de Chepkorio, à une quarantaine de kilomètres d'Eldoret.
C'est sur les routes de cette région, coeur de la course à pied kényane, qu'il s'entraînait sous la direction du Rwandais Gervais Hakizimana.
Les deux hommes s'étaient rencontrés pour la première fois en 2013. Kiptum, alors adolescent, voyait Hakizimana s'entraîner alors que lui faisait paître le troupeau de chèvres familial.
Sept ans plus tard, en 2020, ce dernier devenait son entraîneur à plein temps.
Ce décès rappelle la mort brutale d'un autre grand marathonien kényan, Samuel Wanjiru, au même âge en 2011, près de trois ans après son titre olympique en 2008 aux Jeux olympiques de Pékin.
Un médecin légiste avait estimé qu'il s'agissait d'un meurtre, affirmant que l'athlète avait chuté d'un balcon avant d'être frappé à la tête avec un "objet contondant".
L'athlétisme kényan a aussi été endeuillé en octobre 2021 par le meurtre d'une de ses espoirs de la course de fond Agnes Tirop, retrouvée poignardée à l'âge de 25 ans dans sa maison d'Iten, non loin d'Eldoret. Son mari est poursuivi pour meurtre.
W.Darwish--DT