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Les forces kurdes soutenues par les Etats-Unis en Syrie ont repris mercredi le contrôle d'une grande prison attaquée par le groupe Etat islamique (EI), mettant fin au plus important assaut jihadiste dans le pays en trois ans.
Les combats qui ont suivi l'assaut lancé le 20 janvier pour libérer des jihadistes de la prison à Hassaké (nord-est) contrôlée par les forces kurdes, ont fait 181 morts -124 jihadistes, 50 combattants kurdes et sept civils-, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Ils ont également poussé à la fuite par un temps glacial environ 45.000 personnes qui vivaient dans les secteurs proches de la prison de Ghwayran, d'après l'ONU.
Certains déplacés ont trouvé refuge dans une mosquée de Hassaké. "On est en sécurité ici, mais il n'y a ni pain, ni eau, ni sucre", lance Maya, 38 ans, mère de neuf enfants, en tentant de calmer son nourrisson qui tremble de froid.
La reprise du "contrôle total" de la prison a eu lieu après la reddition de tous les jihadistes qui y étaient retranchés, a indiqué Farhad Shami, porte-parole des Forces démocratiques syriennes (FDS) dominées par les Kurdes et fer de lance de la lutte anti-EI en Syrie, pays en guerre depuis 2011.
L'OSDH a également fait état de la reprise de la prison mais souligné que les forces kurdes continuaient de la ratisser.
Plus d'une centaine de jihadistes dans et hors de la prison ont participé à l'assaut coordonné lancé contre le centre de détention.
Il s'agit de la plus importante attaque lancée par l'EI depuis sa défaite territoriale en Syrie en 2019 face aux forces kurdes. Camions piégés et des armes lourdes ont été utilisés dans l'assaut.
- "Problème international" -
Les FDS ont été aidées par des soldats américains de la coalition internationale antijihadistes dirigée par Washington dans leur opération pour reprendre le contrôle de la prison.
Selon l'OSDH, un nombre indéterminé de jihadistes sont parvenus à s'échapper depuis jeudi.
Et plus de 1.000 jihadistes, qui étaient détenus ou qui s'étaient infiltrés pendant l'assaut dans la prison, se sont rendus aux forces kurdes depuis le 20 janvier, d'après les FDS et l'OSDH.
La prison abritait au moins 3.500 jihadistes de différentes nationalités, avait indiqué l'OSDH.
L'ONU et des organisations de défense des droits humains ont fait également état de centaines de mineurs enfermés dans cette ancienne école reconvertie en centre de détention. On ignorait dans l'immédiat le sort de ces mineurs.
Mercredi, l'administration autonome kurde qui contrôle de vastes régions du nord et nord-est syrien a renouvelé auprès de la communauté internationale son appel à l'aide, craignant que l'EI ne se renforce en recrutant de nouveaux combattants.
"C'est un problème international que nous ne pouvons régler seuls", a dit à l'AFP Abdel Karim Omar, haut responsable local.
Malgré les appels répétés des Kurdes, la plupart des pays occidentaux refusent de rapatrier leurs citoyens qui se trouvent dans les prisons et camps sous contrôle des Kurdes, se contentant de rapatriements au compte-gouttes.
- "On meurt de froid" -
"Nous avons vaincu l'EI territorialement, sans éliminer l'idéologie terroriste", a dit M. Omar.
Des experts voient dans cet assaut jihadiste une étape vers la résurgence de l'EI, qui s'est replié dans le désert syrien après sa défaite territoriale en Syrie en 2019 et en Irak, pays voisin, en 2017.
"Il s'agit d'un problème mondial qui nécessite que de nombreux pays se réunissent pour trouver une solution durable à long terme", a déclaré la coalition internationale dans un communiqué mercredi.
"Les prisons de fortune dans toute la Syrie sont un terreau fertile" pour l'EI, a-t-elle ajouté.
Et comme toujours les civils payent le prix des violences dans un pays où la guerre complexe aux multiples protagonistes a fait environ 500.000 morts depuis 2011.
Face aux combats sanglants et craignant l'infiltration de jihadistes dans leurs quartiers proches de la prison, les habitants ont fui pour se réfugier chez des proches, dans une mosquée ou dans des tentes alors que les températures avoisinent zéro degré Celsius la nuit.
"On meurt de froid ici. Ce qu'on veut, c'est être en sécurité et rentrer chez nous", confie les larmes aux yeux Nabila, une mère de sept enfants.
Y.El-Kaaby--DT