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Des centaines de soldats patrouillent mercredi dans les rues quasi désertes de la capitale équatorienne, après les violences des deux derniers jours de la part des gangs liés au narcotrafic qui ont fait au moins dix morts et plongé le pays dans la "terreur".
Des soldats sont visibles notamment dans les rues vides entourant le palais présidentiel, dans le centre de la capitale, tandis que dans le nord, le parc de La Carolina, l'un des plus grands de la ville de trois millions d'habitants, est vide.
Peu de voitures circulent dans Quito, tout comme dans le grand port de Guayaquil (sud-ouest), où commerces et boutiques restent fermés.
"Il y a de la peur, il faut être prudent, regarder par-ci, par-là, si je prends ce bus que va-t-il se passer ?" témoigne auprès de l'AFP sous couvert d'anonymat une femme de 68 ans, qui se rend à son travail dans le nord de Quito. Elle assure être "terrorisée" par la violence en cours dans le pays.
Le ministère de l'Education a ordonné mardi la fermeture jusqu'à vendredi de toutes les écoles.
- Main de fer -
Lundi, le plus jeune président de l'histoire de l'Equateur a décrété l'état d'urgence pour 60 jours, et mardi déclaré le pays en état de "conflit armé interne", ordonnant "la mobilisation et l'intervention des forces armées et de la police nationale" pour "garantir la souveraineté et l'intégrité nationale".
"Fito" s'était déjà évadé en 2013 d'une prison de haute sécurité, avant d'être repris au bout de trois mois. Son nom avait fait la Une de la presse après l'assassinat début août de l'un des principaux candidats à la présidentielle, qui avait fait état peu avant son exécution de menaces de mort de la part du chef des Choneros.
Ce gang, d'environ 8.000 hommes selon les experts, est devenu le principal acteur du narcotrafic florissant en Equateur. Fabricio Colon Picole, chef d'un autre puissant gang, Los Lobos, s'est également évadé, mardi.
Plusieurs mutineries et prises en otage de gardiens touchent depuis lundi diverses prisons, relayées par d'effrayantes vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrant les captifs menacés par les couteaux de détenus masqués et l'exécution d'au moins deux gardiens par arme à feu et pendaison.
Plus de cent gardiens et agents administratifs sont retenus en otage dans au moins cinq prisons, selon l'administration pénitentiaire, qui communique très peu sur le sujet.
- "Très alarmé" -
Des hommes armés ont même fait irruption mardi sur le plateau d'une télévision publique à Guayaquil, prenant en otages des journalistes et employés jusqu'à l'intervention des forces de l'ordre.
Les Etats-Unis, l'Union européenne, le Brésil, la Colombie, le Chili ou encore le Venezuela ont rejeté ces violences. Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres est "très alarmé par la détérioration de la situation" en Equateur, a déclaré mercredi son porte-parole Stéphane Dujarric.
La France et la Russie ont déconseillé à leurs ressortissants de se rendre dans le pays et le Pérou a déclaré l'état d'urgence le long de sa frontière.
Les forces de sécurité ont de leur côté diffusé des images de leurs interventions depuis dimanche dans divers pénitenciers, montrant des centaines de détenus en sous-vêtements, mains sur la tête et allongés sans ménagement sur le sol.
Ces images rappellent la communication du président salvadorien Nayib Bukele, crédité d'avoir rétabli, grâce à sa "guerre" contre les gangs, la sécurité dans son pays, au prix d'une restriction des droits des détenus selon les organisations de défense des droits de l'Homme.
L'Equateur, naguère havre de paix, est ravagé par la violence après être devenu le principal point d'exportation de la cocaïne produite au Pérou et en Colombie voisins. Les assassinats y ont augmenté de 800% entre 2018 et 2023, passant de six à 46 pour 100.000 habitants. En 2023, 7.800 homicides ont été comptabilisés et 220 tonnes de drogues saisies.
C.Akbar--DT