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La Première ministre du Bangladesh, Sheikh Hasina, a remporté un cinquième mandat, son parti ayant obtenu plus de trois-quarts des sièges au sein du Parlement, a annoncé lundi la commission électorale après un scrutin boycotté par l'opposition qui l'a qualifié de "simulacre".
Sous la direction de Mme Hasina, le pays autrefois en proie à une extrême pauvreté, a connu une croissance accélérée. Mais son gouvernement a également été accusé de violations des droits humains systématiques et d'une répression impitoyable de l'opposition.
Le parti au pouvoir de Mme Hasina, la Ligue Awami, "a remporté l'élection", a déclaré Moniruzzaman Talukder, secrétaire adjoint de la Commission électorale, au lendemain des élections législatives.
Selon les premiers chiffres, le taux de participation était faible, se situant autour de 40%.
Selon M. Talukder, le parti de Mme Hasina a remporté 223 sièges sur les 300 que compte ce Parlement monocaméral.
Avec le soutien d'autres députés, notamment de partis alliés, Mme Hasina pourrait bénéficier d'une plus large majorité, selon les analystes.
"Il s'agit d'un parlement à parti unique", a déclaré à l'AFP Ali Riaz, de l'Illinois State University, ajoutant que "seuls les alliés de la Ligue Awami ont eu la possibilité de participer".
Le parti Jatiya, qui a remporté 11 sièges, est un allié de longue date de la Ligue Awami de Mme Hasina, tout comme bon nombre des 61 candidats indépendants, a expliqué Mubashar Hasan, politologue à l'université d'Oslo en Norvège.
- "Bâillons noirs" -
"Cette élection a légitimé le régime à parti unique dans le pays, sans opposition crédible et efficace au parlement", a affirmé Mubashar Hasan à l'AFP. "Presque tous les candidats indépendants qui ont remporté des sièges font également partie de la Ligue Awami", selon lui.
Parmi les vainqueurs, le capitaine de l'équipe de cricket du Bangladesh, Shakib Al Hasan, a remporté un siège en se présentant pour la Ligue Awami.
Les militants de l'opposition ont organisé une manifestation lundi à Dhaka, portant des bâillons noirs sur la bouche pour symboliser leur boycott du scrutin.
La Ligue Awami n'avait pratiquement pas d'adversaires dans les circonscriptions qu'elle briguait. Mais elle avait omis de présenter des candidats dans quelques autres, apparemment pour éviter que le Parlement monocaméral ne soit considéré comme l'instrument d'un parti unique.
Le principal parti d'opposition, le Parti nationaliste du Bangladesh (BNP), dont les rangs ont été décimés par des arrestations massives, a refusé de participer à ce scrutin qu'il a qualifié de "simulacre d'élection".
Mme Hasina, 76 ans, au pouvoir depuis 2009, avait appelé les électeurs à se rendre aux urnes, a qualifié le BNP d'"organisation terroriste" après avoir voté dimanche.
Le chef du BNP, Tarique Rahman, a dénoncé un possible bourrage des urnes.
- "Une honte" -
"Ce qui a eu lieu n'est pas une élection, mais plutôt une honte pour les aspirations démocratiques du Bangladesh", a-t-il jugé sur les réseaux sociaux depuis Londres, où il vit en exil depuis 2008, ajoutant avoir vu "des photos et vidéos dérangeantes" appuyant ses accusations.
Meenakshi Ganguly, de l'organisation Human Rights Watch, a affirmé dimanche que le gouvernement n'avait pas réussi à rassurer les partisans de l'opposition quant à l'équité du scrutin, avertissant que "beaucoup redoutent une nouvelle répression".
Des représentants de la Chine, de la Russie et de l'Inde voisine ont été parmi les premiers à féliciter Mme Hasina, lui rendant visite à son domicile lundi et la félicitant pour sa "victoire totale", a indiqué son bureau dans un communiqué.
L'ambassadeur de Pékin, Yao Wen, a loué une "amitié de longue date" avec Dacca dans un communiqué, soulignant l'approfondissement des liens au cours des 15 années de règne de Mme Hasina.
La scène politique du pays de 170 millions d'habitants, le huitième plus peuplé du monde, a longtemps été dominée par la rivalité entre Sheikh Hasina, la fille du fondateur du pays, et Khaleda Zia, Première ministre à deux reprises et épouse d'un ex dirigeant militaire.
Depuis son retour au pouvoir en 2009, Mme Hasina, 76 ans, a renforcé sa mainmise après deux élections entachées d'irrégularités et d'accusations de fraude.
Condamnée pour corruption en 2018, Khaleda Zia, 78 ans, est détenue dans un hôpital de la capitale Dacca, en raison de sa mauvaise santé.
Son fils Tarique Rahman dirige le BNP à sa place depuis Londres, où il vit en exil depuis 2008, après plusieurs condamnations dans son pays.
D.Farook--DT