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Rouge sombre, gris profonds, lambris dorés: Versailles lève le rideau sur une page "oubliée" de l'histoire de France, celle du Jeu de Paume, emblématique de la révolution française et de la naissance de la démocratie, ainsi que sur plusieurs appartements princiers du château entièrement restaurés.
La salle du Jeu de Paume reste méconnue du grand public.
Située à quelques mètres du château de Versailles, elle a pourtant accueilli le 20 juin 1789, les députés du Tiers Etat qui prêtèrent serment de donner une Constitution écrite à la France.
Entièrement restaurée de juillet 2021 à février dernier, elle sera rouverte vendredi au public qui pourra "pousser une porte" sur "une part oubliée de notre histoire", dit à l'AFP Catherine Pégard, présidente de l'Etablissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles.
"C'est un pan de l'histoire méconnu du château de Versailles qui a continué jusqu'à nos jours car, à travers ce parcours, on arrivera dans la salle du Congrès utilisée dans la vie politique d'aujourd'hui", souligne-t-elle.
Les travaux, conduits par l'architecte en chef des monuments historiques Pierre Bortolussi, ont permis la restauration des toiture, charpente, menuiseries, décor peint et sol de la célèbre salle, redonnant à l'ensemble un aspect sobre et solennel où se mêlent le rouge sombre, les gris profonds et le bois.
- Ancêtre du tennis -
La monumentale toile de Luc-Olivier Merson, d'après l'oeuvre inachevée de David qui représente le Serment du Jeu de Paume, a également été restaurée.
A sa naissance en 1686, sous Louis XIV, la salle du jeu de Paume a servi de terrain de jeu à cet ancêtre du tennis, plus d'un siècle avant d'accueillir les 500 députés des Etats généraux convoqués par Louis XVI en 1789.
Acquise par la Nation et déclarée domaine national en 1793, elle a servi successivement d'entrepôt et d'atelier de peintres (Antoine-Jean Gros, Horace Vernet). Classée monument historique en 1848, elle a retrouvé son usage historique de terrain de jeu sous le Second Empire.
En 1880, sous la IIIe République, elle est devenue le musée de la Révolution française, inauguré en 1883 par Jules Ferry, président du Conseil et ministre de l'Instruction publique.
Après être retombée dans l'oubli, elle a de nouveau été mise en lumière pour le bicentenaire de la Révolution en 1989.
- L'éducation du prince -
Parallèlement, le château de Versailles rouvre en son sein l'appartement du Dauphin, enfilade de trois pièces principales (chambre, grand cabinet, bibliothèque), entièrement restaurées, parmi les plus riches et les mieux conservées des appartements princiers.
Fermé au public depuis près de dix ans, il retrouve une grande partie de ses décors d'origine, chefs-d'oeuvre du style rocaille.
En rez-de-jardin, ces espaces situés sous la galerie des Glaces, le salon de la Paix et la chambre de la Reine ont été restaurés selon l'état des lieux connus dans les années 1740, à l'époque de leur conception par l'architecte Ange-Jacques Gabriel et de leur attribution au fils aîné de Louis XV, le Dauphin Louis-Ferdinand.
Hauts lambris et trumeaux de glaces en bois sculptés et dorés, boiseries "porcelaine", bleues et blanches, de la bibliothèque, globe de Mentelle ou mappemonde scientifique conçue spécialement pour l'éducation du prince, font partie des trésors restitués aux côtés de nombreuses peintures, objets d'art et pièces de mobilier.
Dans le prolongement de cet appartement, le château rouvre également l'appartement de "Mesdames", filles de Louis XV, auquel sera consacrée une exposition à partir d'octobre.
"On essaie de faire revivre cette époque, la vie lointaine des enfants de Louis XV. Comprendre des bribes de cette histoire c'est aussi pouvoir ensuite en apprendre plus par la lecture et une manière de susciter la curiosité du jeune public et de transmettre", ajoute-t-elle.
Le coût global des travaux de restauration s'élève à 3,6 millions d'euros, très largement financés par du mécénat et en partie par le plan de relance du gouvernement, selon la direction du château.
O.Mehta--DT