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L'aviation et l'artillerie israéliennes ont intensément bombardé jeudi le sud de la bande de Gaza, dont un point de passage pour l'aide humanitaire, en pleines tractations visant à obtenir une trêve dans la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas.
Après deux jours de pause, les combattants palestiniens ont tiré une trentaine de roquettes depuis la bande de Gaza en direction du territoire israélien, où les sirènes d'alerte ont retenti dans plusieurs localités du sud et à Tel-Aviv dans le centre, selon les médias. Les tirs ont fait des dégâts mais pas de victime.
Suspendu à la position des Etats-Unis, alliés d'Israël, le Conseil de sécurité de l'ONU doit, lui, tenter de voter sur une résolution destinée à accroître l'aide à Gaza, où plus de deux mois de bombardements israéliens ont fait au moins 20.000 morts selon le Hamas, détruit des quartiers entiers et déplacé 85% de la population.
L'attaque a fait environ 1.140 morts, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur le bilan israélien. Les commandos palestiniens ont en outre enlevé environ 250 personnes, dont 129 sont toujours retenues à Gaza, selon Israël.
Jeudi, des avions israéliens ont frappé le côté palestinien du point de passage de Karam Abou Salem (Kerem Shalom, côté israélien en hébreu) entre Israël et Gaza, tuant quatre personnes, dont son directeur Bassem Ghaben, selon le gouvernement du Hamas.
Israël avait approuvé le 15 cette nouvelle route d'approvisionnement vers Gaza, s'ajoutant à la principale, celle via Rafah (sud), entre l'Egypte et Gaza.
- "Dramatique, honteux" -
Parallèlement aux bombardements par air et terre, l'armée israélienne mène une offensive terrestre depuis le 27 octobre à Gaza, un territoire surpeuplé de 362 km2, où elle a perdu 137 hommes et où ses soldats ont pris plusieurs secteurs.
Ces dernières 24 heures, son aviation a frappé 230 cibles à Gaza, a indiqué l'armée, en affirmant que ses troupes avaient "éliminé des centaines de terroristes" et saisi des armes, des lance-roquettes et des explosifs.
Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a réclamé à Israël une enquête sur "la possible commission d'un crime de guerre" par ses soldats à Gaza, disant avoir reçu des "informations inquiétantes" sur la mort de "11 hommes palestiniens non armés". Des accusations qualifiées de "diffamation" par un responsable israélien.
Selon un dernier bilan mercredi gouvernement du Hamas, 20.000 personnes ont été tuées à Gaza depuis le début de la guerre, dont au moins 8.000 enfants et 6.200 femmes, et plus de 50.000 blessées.
Le Hamas, classé comme organisation terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne notamment, a affirmé que les roquettes tirées sur Israël étaient "une réponse aux massacres israéliens de civils".
- "Roulette russe" -
La guerre ne connaît aucun répit malgré les pressions internationales, les conditions terribles des Palestiniens à Gaza et les appels de proches d'otages à obtenir leur libération.
Des efforts sont en cours sur plusieurs fronts pour tenter de parvenir à une nouvelle trêve, après celle d'une semaine fin novembre qui avait permis la libération de 105 otages et de 240 Palestiniens détenus par Israël et l'acheminement de plus d'aides à Gaza.
Le président français Emmanuel Macron s'est entretenu en Jordanie avec le roi Abdallah II de l'aide humanitaire à Gaza, et le chef de la diplomatie britannique David Cameron a appelé au Caire à "un cessez-le-feu durable".
Le chef du Hamas Ismaïl Haniyeh, basé à Doha, a eu des entretiens mercredi au Caire avec le médiateur égyptien et Ziad al-Nakhala, et le chef du Jihad islamique, un autre mouvement islamiste qui combat au côté du Hamas et détient des otages, devrait s'y rendre dans les prochains jours.
Israël dialogue avec le Qatar et les Etats-Unis, deux autres médiateurs.
Mais les positions des protagonistes restent très éloignées. Le Hamas exige un arrêt des combats comme préalable à toute négociation sur les otages. Israël est ouvert à l'idée d'une trêve mais exclut tout cessez-le-feu avant "l'élimination" du Hamas.
L'objectif fixé par Israël d'éliminer le Hamas est "voué à l'échec", a déclaré dans un enregistrement sonore Abou Obeida, le porte-parole des brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du mouvement, conditionnant à nouveau la libération des otages à "l'arrêt de l'agression" d'Israël.
En attendant, les proches d'otages tremblent pour eux.
Les parents d'Ella Ben Ami, 23 ans, ont été kidnappés le 7 octobre. Sa mère Raz a été libérée après 54 jours de captivité mais son père, Ohad, reste retenu à Gaza.
"C'est une roulette russe, nous nous réveillons chaque matin sans savoir quelle nouvelle nous allons recevoir. J'ai tellement peur que mon père ne revienne pas vivant. S'il vous plaît, aidez-moi à ramener mon père vivant à la maison. Maintenant!", plaide-t-elle devant les journalistes au kibboutz de Beeri, près de Gaza.
- "Les gens attendent de mourir" -
Dans la bande de Gaza voisine, la guerre a provoqué d'immenses destructions dans le territoire, la plupart des hôpitaux sont hors service et 1,9 million de personnes, selon l'ONU, ont fui leur foyer.
Sean Casey, un membre d'une mission de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) mercredi dans deux hôpitaux, Al-Chifa et Al-Ahli, a affirmé que les patients dont des enfants et des blessés graves, demandaient de l'eau plutôt que des soins.
"C'est un endroit où les gens attendent de mourir".
Selon l'agence de l'ONU chargée de la coordination humanitaire (OCHA), la moitié de la population à Gaza (quelque 2,4 millions) y souffre de faim extrême ou sévère, et 90% est régulièrement privée de nourriture pendant une journée entière.
"Cette guerre ne fait que détruire. Assez, c'est assez, tout est détruit, on ne peut plus vivre comme ça, même si la guerre se termine, où irons-nous?", lance Fouad Ibrahim Wadi, un déplacé à Rafah.
I.Khan--DT