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Trois ans de prison, dont un avec sursis simple, ont été requis mardi devant le tribunal correctionnel d'Angers à l'encontre de Saïd Chabane, ancien président et actuel propriétaire du club de football d'Angers (L2), que sept femmes accusent d'agression sexuelle.
"Chacune a décrit des gestes intolérables", commis par l'ex-président du club, a dénoncé le procureur Eric Bouillard, qui a également réclamé un mandat de dépôt différé.
Le magistrat a également pointé "l'entreprise de démolition" menée par la défense.
Depuis le dépôt de plainte, "on m'a dit que j'étais vénale, menteuse, que je cherchais la lumière", a raconté mardi à la barre la première femme à avoir accusé M. Chabane, en janvier 2020.
"On ne porte pas plainte contre son employeur, en étant en poste, pour le plaisir. J'ai porté plainte pour dénoncer un comportement inacceptable, intolérable, irrespectueux", a-t-elle ajouté.
Six autres femmes, employées du SCO d'Angers ou de l'entreprise de charcuterie de M. Chabane, avaient déposé plainte dans la foulée, pour des faits s'étalant de 2014 à 2019.
"Vous avez là un homme qui ne considère pas les femmes comme son égal. Vous avez là un homme qui, comme d'autres, pense que tout lui est permis avec les femmes", a soutenu Me Guillaume Sergent, avocat de la partie civile, lors de sa plaidoirie, dans une salle d'audience restée comble pendant les deux jours de procès.
Le prévenu, jugé pour agressions sexuelles "commises par personne abusant de l'autorité que lui confère sa fonction", nie l'ensemble des faits qui lui sont reprochés.
La défense voit dans l'affaire un "dossier de déclarations", sans "éléments d'expertise qui viendraient consolider un côté ou l'autre".
Sur les 17 témoins entendus, "pas un n'était cité" par les parties civiles, a souligné auprès de l'AFP Me Pascal Rouiller, avocat de Saïd Chabane.
- "Schémas" -
Lors du procès, cinq plaignantes ont raconté à la barre des étreintes non désirées, des attouchements au niveau de la poitrine et des fesses ou des mains guidées vers l'entrejambe du prévenu.
"On a des faits qui, confrontés, se ressemblent étrangement, y compris entre victimes qui ne se connaissent pas. On n'est pas sur une victime, on est sur des schémas qui se reproduisent. C'est un simple constat. Vous voulez dire quelque chose ?", a demandé mardi matin la présidente, Catherine Menardais.
"Non, madame la présidente", a-t-il répondu.
Plusieurs témoins de la défense, notamment des employés du SCO et de son entreprise, ont affirmé qu'ils n'avaient jamais eu connaissance de tels faits.
"Nos échanges ont toujours été cordiaux et respectueux (...) C'est quelqu'un que j'apprécie", a affirmé une employée de l'entreprise de Saïd Chabane, qui le côtoie "deux à six fois par an lors de réunions commerciales".
"Personne n'est venu me dire +je suis victime d'agression sexuelle+", a affirmé un directeur commercial, qui a ensuite raconté le "tsunami" vécu à la révélation de l'affaire début 2020, affirmant que des clients leur avaient alors "tourné le dos".
- "Présomption d'innocence insignifiante" -
Lundi matin, Saïd Chabane avait dénoncé à la barre une "présomption d'innocence insignifiante" dans cette affaire, se disant "condamné depuis février 2020" et , date de sa mise en examen.
Propriétaire du club depuis 2011, Saïd Chabane s'est décrit comme un homme "parti de zéro", patron "directif" et "exigeant" mais qui n'a jamais entretenu de rapport de "domination" avec ses employés.
Empêtré dans une succession d'affaires et une situation sportive catastrophique, il avait cédé sa place de président du club à son fils Romain en mars 2023.
Saïd Chabane a été l'un des principaux acteurs du spectaculaire redressement d'Angers sur le plan sportif avec notamment un retour en L1 en 2015.
Relégué au terme de la saison 2022/2023, le SCO a redressé la barre. En tête de la Ligue 2 après 18 journées, il est l'un des favoris pour l'accession à la Ligue 1 en mai.
Le procès doit s'achever mardi dans la soirée.
I.El-Hammady--DT