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Le tribunal correctionnel d'Angers a noté mardi des "faits qui, confrontés, se ressemblent étrangement" au procès pour agressions sexuelles de Saïd Chabane, ancien président et actuel propriétaire du club de football d'Angers (L2), qui de son côté nie les accusations.
Chemisier blanc, pull foncé, une ancienne employée de l'entreprise de charcuterie de M. Chabane a raconté à la barre qu'elle et ses collègues utilisaient un "code" pour s'avertir de la présence au bureau du patron : "Le loup est dans la tanière."
Elle accuse Saïd Chabane de l'avoir embrassée et de lui avoir touché la poitrine à plusieurs reprises, dans son bureau.
"J'espérais qu'il avoue, ou qu'il ne nie pas tout. Avoir des réponses, savoir pourquoi il faisait ça. Est-ce que c'était un jeu ?", s'est-elle interrogée.
Sept femmes, employées du SCO d'Angers ou de son entreprise de charcuterie, ont déposé plainte contre Saïd Chabane, pour des faits s'étalant de 2014 à 2019.
Lundi, quatre d'entre elles avaient déjà raconté à la barre des étreintes non désirées, des attouchements au niveau de la poitrine et des fesses ou des mains guidées vers son entrejambe.
Le prévenu, jugé pour agressions sexuelles "commises par personne abusant de l'autorité que lui confère sa fonction", nie l'ensemble des faits qui lui sont reprochés.
"On a des faits qui, confrontés, se ressemblent étrangement, y compris entre victimes qui ne se connaissent pas. On n'est pas sur une victime, on est sur des schémas qui se reproduisent. C'est un simple constat. Vous voulez dire quelque chose ?, demande la présidente, Catherine Menardais.
- Non, madame la présidente", répond-il.
- "Echanges cordiaux" -
Plusieurs témoins cités par la défense, employés du SCO d'Angers et de son entreprise, ont affirmé lundi et mardi qu'ils n'avaient jamais eu connaissance de tels faits.
"Nos échanges ont toujours été cordiaux et respectueux. Il a toujours été de bon conseil, autant sur ma vie professionnelle que personnelle (...) C'est quelqu'un que j'apprécie", a affirmé une employée de l'entreprise de Saïd Chabane, qui le côtoie "deux à six fois par an lors de réunions commerciales".
"Personne n'est venu me dire +je suis victime d'agression sexuelle+", a affirmé un directeur commercial, précisant qu'il n'avait jamais eu connaissance d'un "code" annonçant l'arrivée du patron.
Il a raconté le "tsunami" vécu à la révélation de l'affaire début 2020, affirmant que des clients leur avaient "tourné le dos" à ce moment.
Lundi matin, Saïd Chabane avait dénoncé à la barre une "présomption d'innocence insignifiante" dans cette affaire, se disant "condamné depuis février 2020", date de sa mise en examen.
- "Idyllique" -
La première plainte avait été déposée au mois de janvier 2020 par une employée du SCO d'Angers qui affirmait avoir été agressée quelques semaines plus tôt lors d'un voyage à Madrid auquel participaient plusieurs salariés.
Lundi, un employé du SCO d'Angers avait décrit un séjour "idyllique" et affirmé que la salariée ayant porté plainte par la suite n'avait pas eu l'air perturbée.
Propriétaire du club depuis 2011, Saïd Chabane s'est décrit lors du procès comme un homme "parti de zéro", "directif" et "exigeant" mais qui n'a jamais entretenu de rapport de "domination" avec ses employés.
Empêtré dans une succession d'affaires et une situation sportive catastrophique, Saïd Chabane avait cédé sa place de président du club à son fils Romain, en mars 2023.
Arrivé à la tête du club et dans son capital en 2011, il a été l'un des principaux acteurs du spectaculaire redressement du SCO sur le plan sportif durant les années suivantes, avec notamment un retour en L1 en 2015.
Relégué au terme de la saison 2022/2023, le SCO a redressé la barre. En tête de la Ligue 2 après 18 journées, il est l'un des favoris pour l'accession à la Ligue 1 en mai.
K.Al-Zaabi--DT