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La Cour suprême (CSJ) de justice du Honduras a ordonné lundi l'extradition de l'ex-président Juan Orlando Hernandez vers les Etats-Unis où il est poursuivi pour trafic de drogue. Il n'a désormais plus aucun recours.
La chute a été brutale. A peine venait-il de céder le pouvoir, le 27 janvier dernier, à la nouvelle présidente de gauche Xiomara Castro, que le tout frais ex-chef de l'Etat (2014-2022) se retrouvait enchaîné aux poignets et aux chevilles lors de son arrestation le 15 février devant les caméras.
Le 17 mars, un juge d'extradition de première instance accède à la demande présentée par le tribunal du District Sud de New York d'extrader l'ex-président de droite de 53 ans pour avoir participé à une "conspiration (qui) a transporté plus de 500 tonnes de cocaïne aux Etats-Unis".
Lundi, les membres de la Cour Suprême de Justice (CSJ) du Honduras réunis en assemblée plénière ont rejeté l'appel formulé par sa défense.
"La décision du juge de première instance d'accorder l'extradition de Juan Orlando Hernandez est confirmée", a déclaré le porte-parole de la CSJ, Melvin Duarte.
L'épouse de l'ex-chef de l'Etat, Ana Garcia, s'est rendue lundi avec quelques soutiens devant le palais de justice de Tegulcigalpa pour clamer son innocence et prier pour lui. "Si un citoyen est jugé, il doit l'être dans (son) pays", a-t-elle estimé.
Selon les procureurs américains chargés du dossier à New York, M. Hernandez est un "co-instigateur" du trafic et a fait du Honduras un "narco-Etat" en impliquant l'armée et la police dans le trafic de drogue à destination des Etats-Unis.
L'ancien chef de l'Etat hondurien aurait en outre reçu des millions de dollars de diverses organisations de trafiquants de drogue du Honduras, du Mexique, et d'autres pays.
En échange de ces pots de vin, Juan Orlando Hernandez, connu dans son pays sous les initiales JOH, a "protégé les narcotrafiquants des enquêtes, (évitant leur) arrestation et leur extradition", assurent les autorités américaines.
En 2013, "Hernandez a accepté environ un million de dollars du narcotrafiquant Joaquin Guzman Loera, alias El Chapo", ajoutent-elles.
- "Complot" -
"Je suis innocent, je suis victime d'une vengeance et d'un complot", a écrit JOH dans une lettre manuscrite rédigée en prison, destinée aux membres de la CSJ avant leur décision définitive.
Ces accusations sont selon lui une "vengeance des cartels", "un complot orchestré pour qu'aucun gouvernement ne leur résiste plus jamais".
Mais pour le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, l'ancien chef d'Etat "a commis ou facilité des actes de corruption et de trafic de drogue" et a "utilisé les gains retirés des activités illicites pour (financer) des campagnes politiques".
S'il est reconnu coupable il encourt la perpétuité, peine déjà prononcée contre son frère l'ex-député "Tony" Hernandez. Les procureurs de New York ont estimé que l'ancien président était impliqué dans le trafic de drogue pour lequel ce dernier a été condamné en mars 2021.
Huit ans à la tête du Honduras, JOH s'est présenté pendant ses deux mandats comme le champion de la lutte contre le trafic de drogue. Washington l'avait d'abord distingué comme un allié dans ce combat et a été l'une des premières capitales à reconnaître sa réélection en 2017, alors que l'opposition dénonçait des fraudes sur fond de manifestations qui ont fait une trentaine de morts.
"Je n'ai jamais pensé que cette lutte pour la paix pour nous, Honduriens, nous ferait voir comme un narco-État", a dit M. Hernandez dans sa lettre. "Je savais que ce combat ne serait pas facile, qu'il était très risqué".
A présent, les autorités américaines peuvent à tout moment organiser le transfert de l'ex-président.
F.Damodaran--DT