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En quête de répit, les habitants de Sao Jorge ont continué samedi à quitter cette île de l'archipel portugais des Açores, devenue depuis une semaine l'épicentre de milliers de petites secousses sismiques qui pourraient précéder une éruption volcanique.
"Je n'arrive plus a dormir une nuit tranquille. J'ai senti certains séismes et j'ai besoin d'oublier un peu tout ça", témoigne à l'AFP Claudia Andrade avant d'embarquer avec son fils de neuf ans à bord d'un ferry à destination de l'île voisine de Pico.
"Je pars le cœur serré car je laisse mon mari et ma belle-mère", ajoute cette femme de 45 ans, employée d'une entreprise du bâtiment, partie avec une cinquantaine d'autres passagers alors que la pluie tombait sur l'île située en plein milieu de l'Atlantique nord.
La plus forte secousse provoquée par cette crise sismique, qui n'a pour l'instant pas provoqué de dégâts, a atteint samedi dernier une magnitude de 3,3 sur l'échelle de Richter.
Et, en raison d'une "menace d'éruption magmatique", le Centre d'information et surveillance sismo-volcanique des Açores a placé Sao Jorge au quatrième niveau d'alerte sur un total de six.
Aucun ordre d'évacuation n'a été donné, mais les plans de contingence sont en place pour, le cas échéant, acheminer la population vivant dans la moitié ouest de l'île longiligne, qui compte quelque 54 km de longueur et 8 km de largeur, vers des zones considérées plus sûres.
- "Rester calme" -
De leur propre gré, de nombreux habitants de Velas, principale bourgade de l'île et très proche de l'épicentre de l'activité sismique, se sont déjà installés temporairement chez des proches vivant du côté de Calheta, plus à l'est.
Et au moins 1.250 personnes, sur une population totale d'un peu plus de 8.000 habitants, ont carrément quitté l'île, a indiqué vendredi le gouvernement régional, qui a déconseillé tout déplacement superflu.
D'autres, en revanche, refusent de céder aux craintes attisées par des rumeurs d'une éruption imminente ou par le souvenir récent des images spectaculaires de l'éruption du volcan Cumbre Vieja, sur l'île de Palma, aux Canaries espagnoles.
"Les gens sont tous en train de quitter l'île mais je pense que c'est une erreur", estime Sonia Pacheco, devant sa maison située sur les hauteurs de Velas.
"Il faut rester calme et attendre une alerte", poursuit cette femme de 44 ans, ouvrière dans une usine de conserves.
Situées à la jonction des plaques tectoniques eurasiatique, américaine et africaine, les neuf îles de l'archipel des Açores sont d'origine volcanique et régulièrement frappées par des séismes.
- Phénomène "surprenant" -
L'île Sao Jorge a connu des éruptions volcaniques en 1580 et 1808. Plus récemment, une éruption a eu lieu en mer, à quelque 10 km au large de Velas, en 1964 et avait été précédée par "une crise sismique très semblable à celle-ci", explique à l'AFP le sismologue Joao Fontiela, de l'Institut des sciences de la terre de l'Université d'Evora.
"A ce stade c'est encore difficile de savoir s'il va y avoir une éruption, et si ce sera sur terre ou en mer", ajoute cet expert, venu sur place depuis le continent pour installer des sismographes supplémentaires afin d'étudier un phénomène qu'il décrit comme "surprenant".
"Sao Jorge connaît normalement quelques dizaines de séismes par an et là, en quelques jours, depuis samedi dernier, nous en sommes à environ 3.000", dit-il.
L'île forme une longue cordillère volcanique qui culmine à plus de 1.000 mètres. Elle est réputée pour son fromage au lait de vache et ses "fajas", terrains très fertiles situés au pied d'imposantes falaises créés par d'anciennes coulées de lave ou des glissements de terre.
Z.W.Varughese--DT