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Une information judiciaire pour "tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste" va être ouverte sur la violente agression en prison du militant indépendantiste corse Yvan Colonna par un codétenu, a annoncé le procureur antiterroriste dimanche, jour de protestation en Corse.
A Corte (Haute-Corse), quelque 4.200 personnes, selon la préfecture, 15.000, selon les organisateurs, défilaient derrière des banderoles "Gloire à toi Yvan" et "Etat français assassin", dénonçant la responsabilité des autorités dans cette agression qui a laissé Yvan Colonna, condamné à perpétuité pour l'assassinat du préfet Erignac en Corse, dans le coma.
A Paris, le procureur antiterroriste Jean-François Ricard a souligné que "pour la cinquième fois depuis 2016, c'est dans un établissement pénitentiaire qu'un crime terroriste a été commis par les jihadistes".
Les faits commis à la maison d'arrêt d'Arles (Bouches-du-Rhône) mercredi "démontrent que cette menace jihadiste portée par des personnes détenues pour des faits de terrorisme radicalisées reste un sujet de préoccupation majeur", a-t-il ajouté.
L'agresseur du militant indépendantiste corse, Franck Elong Abe, qui a passé quatre jours en garde à vue, sera présenté à des juges d'instruction parisiens en vue de sa mise en examen pour "tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste". Le Pnat va requérir son placement en détention provisoire.
L'enquête s'attachera à "retracer avec la plus grande minutie le parcours en détention" de l'agresseur, "déterminer la totalité de ses contacts notamment parmi les personnes partageant son idéologie" et "éclaircir les éventuelles interactions (...) susceptibles d'avoir joué un rôle dans les faits", a précisé M. Ricard.
Incarcéré à Arles, Smaïn Ait Ali Belkacem, ancien du Groupe islamique armé algérien (GIA) condamné à perpétuité pour l'attentat à la station RER Musée d'Orsay en 1995 à Paris, a été placé samedi en garde à vue par la Sous-direction antiterroriste (Sdat) de la police judiciaire, selon une source proche du dossier.
Il s’agit de "savoir ce qu’il savait éventuellement du projet" de Franck Elong Abé, a ajouté cette source, confirmant une information du JDD. Un autre codétenu a été interrogé par la Direction générale de la sécurité intérieure mais "sans aucune suite", a précisé à l’AFP cette même source.
- "Acharnement systématique" -
Franck Elong Abe, qui purgeait plusieurs peines dont une de neuf ans pour "association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un acte de terrorisme", a, lors de sa garde à vue, expliqué son acte "par ce qu'il considérait comme des blasphèmes" proférés selon lui ces derniers mois par Yvan Colonna, a indiqué le procureur du parquet national antiterroriste (Pnat).
Ce dernier aurait notamment déclaré quelques jours avant l'agression qu'il "crachait sur Dieu", selon M. Ricard.
Retraçant minute par minute le déroulement de l'agression mercredi matin, le procureur a déclaré que "l'acharnement systématique déployé par le mis en cause" ne laissait "que peu de doutes sur son intention homicide".
L'agression a eu lieu dans une salle de sport où se trouvaient les deux hommes.
Il a "pendant plus de huit minutes (...) porté des coups violents à la victime" et "mis en œuvre des techniques de strangulation et d'étouffement, y compris en utilisant des sacs poubelle et des serviettes".
Le pronostic vital du militant indépendantiste corse est à cette heure "toujours engagé", selon M. Ricard.
La famille d'Yvan Colonna, par la voix de son avocat, Me Patrice Spinosi, a regretté que le procureur antiterroriste n'ait apporté "aucune réponse aux questions" qu'elle se posait et n'avait "nullement fait mention des fautes de surveillance de l'administration pénitentiaire".
La famille "cherchera par tout moyen de droit à obtenir que l’enquête mette en lumière les multiples dysfonctionnements administratifs qui ont conduit à ce drame", a-t-il ajouté.
Le président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand s’est dit prêt dimanche à la création d’une commission d’enquête parlementaire sur l’agression d'Yvan Colonna. "Je ne ferme la porte à rien parce que je veux, sur ce sujet comme sur tous les autres, que la lumière puisse être faite", a -t-il déclaré sur France 3.
Depuis l'agression, plusieurs manifestations ont eu lieu en Corse, devant les préfectures, jusqu'à l'importante mobilisation de dimanche à Corte.
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A.Ragab--DT