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La Cour suprême des Etats-Unis a rétabli vendredi la peine de mort pour l'un des deux auteurs de l'attentat meurtrier du marathon de Boston en 2013, dans un dossier qui a souligné les contradictions du président Joe Biden sur la peine capitale.
La peine de Djokhar Tsarnaev, 28 ans, avait été invalidée en appel pour des questions de procédure liée à la composition du jury et à l'exclusion d'éléments lors du procès.
La haute cour a invalidé cette décision à une majorité de six juges sur neuf, tous conservateurs. "Djokhar Tsarnaev a commis des crimes abominables. Le sixième amendement de la Constitution lui garantit un procès juste devant un jury impartial et il l'a eu", a-t-elle justifié.
En 2013, alors âgé de 19 ans, cet étudiant d'origine tchétchène avait posé avec son frère aîné Tamerlan deux bombes artisanales près de la ligne d'arrivée du marathon de Boston, faisant trois morts, dont un enfant de huit ans, et 264 blessés.
Identifiés grâce à des caméras de surveillance, les deux frères avaient pris la fuite, tuant un policier lors de leur cavale. Trois jours après l'attentat, l'aîné avait été abattu lors d'une confrontation avec les forces de l'ordre.
Djokhar Tsarnaev avait été retrouvé blessé, caché dans un bateau. Il avait écrit sur une paroi qu'il voulait venger les musulmans tués en Irak et en Afghanistan.
- "Perte de temps" -
Lors de son procès en 2015 à Boston, ses avocats avait affirmé que le jeune homme était sous l'influence de son aîné auto-radicalisé. Sans nier la gravité des faits, ils avaient plaidé pour la réclusion à perpétuité. Les jurés n'avaient pas été convaincus et avaient opté pour la peine de mort.
En 2020, une cour fédérale d'appel a conservé le verdict de culpabilité mais annulé la peine de mort en citant deux irrégularités.
Pour elle, dans ce dossier très médiatisé, il aurait fallu interroger les jurés potentiels sur ce qu'ils avaient lu ou vu au moment de l'attentat, afin d'écarter ceux ayant déjà forgé leur opinion.
"Le droit à un jury impartial n'impose pas une ignorance" du dossier, a rétorqué la Cour suprême dans sa décision.
De même, selon la cour d'appel, le tribunal de première instance avait eu tort de rejeter une demande de la défense qui voulait évoquer un triple meurtre remontant à 2011, probablement commis par l'aîné des Tsarnaev, comme preuve de son caractère de meneur.
Tous les protagonistes étant morts, le tribunal avait eu raison d'écarter des éléments "sans caractère de preuve qui auraient jeté la confusion chez les jurés et n'auraient été rien d'autre qu'une perte de temps", a tranché la Cour suprême.
Les trois magistrats progressistes ont exprimé, dans un texte distinct, leur désaccord. Ces éléments "étaient critiques pour la défense" de Djokhar Tsarnaev, car ils montraient la nature violente de son frère et l'influence qu'il exerçait sur son cadet.
- "Mal à comprendre" -
Même si la décision de la Cour d'appel permettait de garder Djokhar Tsarnev en prison à vie, elle avait été vivement critiquée par Donald Trump, alors président. Fervent partisan de la peine de mort, il avait demandé à son gouvernement de saisir la Cour suprême.
Une fois à la Maison Blanche, Joe Biden aurait pu retirer cette requête mais il l'a laissé suivre son cours. Pendant sa campagne, le démocrate avait pourtant promis de travailler pour abolir la peine de mort au niveau fédéral et une fois élu, il a décrété un moratoire sur les exécutions fédérales.
Cette apparente contraction avait été relevée pendant l'audience par la juge conservatrice Amy Coney Barrett.
L'administration "a déclaré un moratoire sur les exécutions fédérales mais vous défendez la peine capitale" pour Djokhar Tsarnaev, avait-elle lancé au représentant du ministère de la Justice. "Si vous gagnez, il sera condamné à vivre sous la menace d'une peine de mort que le gouvernement n'a pas l'intention d'appliquer (...) J'ai du mal à comprendre l'objectif".
A.Al-Mehrazi--DT