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La junte au pouvoir en Birmanie va remplacer lundi l'ex-dirigeante civile Aung San Suu Kyi devant la plus haute instance judiciaire des Nations unies, pour contester à son tour l'accusation de génocide contre les Rohingyas, minorité musulmane du pays.
Mme Suu Kyi avait elle-même présenté les arguments de la Birmanie devant la Cour internationale de justice (CIJ) fin 2019 à La Haye, aux Pays-Bas, lorsque l'affaire avait été entendue pour la première fois.
Mais elle a depuis été évincée de la tête du gouvernement birman par le coup d'Etat militaire du 1er février 2021.
La lauréate du prix Nobel de la paix, qui avait été critiquée par des ONG de défense des droits humains pour son implication dans la persécution des Rohingyas, est désormais assignée à résidence dans son pays par les mêmes généraux qu'elle a défendus à La Haye.
Environ 850.000 Rohingyas vivent dans des camps de fortune au Bangladesh, après avoir fui en 2017 une répression militaire sanglante dans leur pays à majorité bouddhiste. Quelque 600.000 autres restent dans l'Etat Rakhine, en Birmanie.
La Gambie, pays musulman qui avait déposé sa requête au nom de l'Organisation de la conférence islamique, accuse le pouvoir birman de violer la Convention des Nations unies sur le génocide de 1948.
Dans ses "objections préliminaires", la junte birmane devrait faire valoir lundi que la CIJ n'est pas compétente pour cette affaire.
La junte sera représentée, selon des médias birmans, par une nouvelle délégation dirigée par Ko Ko Hlaing, le ministre de la Coopération internationale, et Thida Oo, la procureure générale du pays, qui interviendront en visioconférence. Tous deux font l'objet de sanctions américaines depuis le coup d'Etat.
La Gambie présentera ses contre-arguments mercredi.
- Répression sanglante -
Avant l'audience de lundi, le "gouvernement d'unité nationale" birman, fondé par des parlementaires déchus entrés en clandestinité, a estimé que c'était lui, et non la junte, qui était "le représentant approprié de la Birmanie à la CIJ dans cette affaire".
Il rejette en outre les "objections préliminaires" de la junte, estimant que la Cour devrait passer à l'étude de l'affaire sur le fond.
Ce "gouvernement d'unité nationale" n'est cependant reconnu par aucun gouvernement étranger et est considéré par la junte comme "terroriste".
La CIJ a été créée après la Seconde Guerre mondiale pour trancher les différends entre Etats membres de l'ONU.
Ses jugements sont contraignants, mais elle ne dispose d'aucun moyen réel pour les faire appliquer.
L'affaire de génocide présumé sur laquelle elle doit statuer a été compliquée par le coup d'Etat qui a évincé Mme Suu Kyi, déclenché des manifestations de masse et entraîné une répression sanglante, avec plus de 1.500 civils tués d'après un observatoire local.
Mme Suu Kyi doit elle-même être jugée en Birmanie pour une série de chefs d'accusation qui pourraient lui valoir plus de 150 ans de prison.
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Y.El-Kaaby--DT