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La police canadienne, déployée en masse jeudi dans les rues d'Ottawa, a promis d'intervenir rapidement pour libérer les rues de la capitale paralysée depuis bientôt trois semaines par des manifestants anti-mesures sanitaires, une contestation qui n'a plus rien de "pacifique" selon le Premier ministre Justin Trudeau.
"Si vous voulez partir de votre propre gré, c'est maintenant qu'il faut le faire", a lancé aux manifestants jeudi après-midi le chef intérimaire de la police d'Ottawa Steve Bell, avertissant que ce week-end serait "bien différent des trois derniers".
Pour la première fois depuis le début du mouvement, des groupes de policiers se sont positionnés jeudi dans les rues d'Ottawa face aux contestataires et aux centaines de camions bloquant les rues.
Un périmètre de sécurité a été érigé autour du centre-ville et une centaine de barrages permettent de contrôler les entrées dans la zone.
- Plus rien de "pacifique" -
A quelques mètres de là, le Premier ministre Justin Trudeau a estimé jeudi matin que cette contestation n'avait plus rien de "pacifique", lors d'un débat historique à la Chambre des communes portant sur la mise en œuvre de la loi sur les mesures d'urgence, une disposition exceptionnelle invoquée lundi pour la deuxième fois de l'histoire du Canada en temps de paix.
"L'objectif de toutes les mesures, y compris les mesures financières prévues dans la loi sur les mesures d'urgence, est de faire face à la menace actuelle et de maîtriser pleinement la situation", a ajouté Justin Trudeau.
Dans une lettre adressée aux Premiers ministres des provinces mercredi soir, il avait estimé que le mouvement "menaçait la démocratie" et minait "la réputation du Canada à l'étranger".
Des "comptes bancaires d'individus et d'entreprises" liés au blocage ont été gelés, a précisé lors d'une conférence de presse la ministre des Finances et vice-Première ministre Chrystia Freeland.
Qualifiant la situation de "précaire", le ministre de la Sécurité publique Marco Mendicino a estimé que "les blocus illégaux aux frontières" avaient coûté des milliards de dollars à l'économie canadienne.
- Ultimatum -
Les manifestants, déterminés à rester "jusqu'à la fin", avaient reçu mercredi un ultimatum des forces de l'ordre, qui ont fait le tour des camions pour distribuer un tract leur intimant l'ordre de "quitter les lieux".
"Ils essaient de faire peur aux gens pour éviter qu'ils ne viennent ce week-end", a commenté auprès de l'AFP le camionneur Kevin Veurink, 39 ans, réagissant à l'installation de ces barricades autour de l'enceinte parlementaire.
Pull gris avec logo "Liberté ensemble" sur le dos, cet Ontarien qui transportait un chariot avec des bidons d'essence se dit prêt à rester "jusqu'à ce qu'on se fasse arrêter, si cela arrive".
Mercredi soir, le nouveau chef de la police d'Ottawa Steve Bell avait déclaré avoir un "plan méthodique" pour mettre fin à la manifestation. "Certaines des techniques que nous avons le droit d'employer et que nous sommes prêts à employer ne sont pas couramment vues à Ottawa", avait-il mis en garde.
- Situation périlleuse -
Un mélange de pluie et de neige attendu mercredi et dans les prochains jours pourrait compliquer les opérations de la police, confrontée à une situation complexe et périlleuse pour déloger les manifestants sans heurts.
Elle craint notamment la présence d'"éléments radicaux" mais aussi de nombreux enfants dans la manifestation, y compris des bébés.
L'une des organisatrices du "Convoi de la liberté", Tamara Lich, a dit s'attendre à se faire arrêter. "Je pense que c'est inévitable maintenant...", a-t-elle affirmé dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux.
La ville d'Ottawa, la province de l'Ontario et le Canada entier sont sous état d'urgence en raison de ce mouvement de contestation sans précédent, parti de l'opposition des camionneurs à se faire vacciner contre le Covid-19 pour franchir la frontière entre le Canada et les Etats-Unis.
Minimisé au départ par les autorités, le mouvement s'est étendu ces dernières semaines à l'ensemble des mesures sanitaires et, pour de nombreux manifestants, à un rejet du gouvernement de Justin Trudeau.
Y.I.Hashem--DT